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loiil ce «(IIP la science a pii perdre à cet airaiigeraenl. L’ait procède par des iiiiliatinns lentes. Le noviciat de la saf,’e-remnie a ses difficultés : il s’asit de comparaitre devani un jury de médecins ; il y a nn prix pour les élèves sanes-femiues comme il y en avait un autrefois pour les rosières. Les femmes n’ayant d’ordinaire d’autre distinction < e

celle du mérite, il est juste de tenir compte des exceptions. La profession de sase-femme n’est ni artistique ni poétique, mais liien médicale el éminemment utile. Peul-on être sage-femme "a moins de s’appeler madame La Chapelle on madame lîoivin ? La est la question. Les médecins de tout temps s’emparent des grands accouchements, et c’est pour cela même que les saaes-femnies ont si peu d’occasions de montrer une supériorité marquée. Le préjugé les condamne, h d’Iinnoraliles exceptions près, a n’être (pie des diminutifs des médecins. Céiiéralenient dévouée a la pelite l)oui ;ieoisie, la sa^’c-feinme habite lesquarliers marchands et même populeux ; le troisième étage est de son ressort, elle s’élève aussi, <lans l’intérêt de sa clientèle, jusqu’aux mansardes les pins idéales ; elle-même a fixé ses pénales h un quatrième. La sage-femme paye son terme quand la nalure daigne en fixer un pour quelque enfant à naître, et la nalure n’est pas moins ponctuelle h son égard que son propriétaire.

Il y a des sages-femmes grands cordons de l’ordre, sans compler celles qui. ;i l’aide il’une hyperbole plus ou moins htrte, s’iiitiluleiil ainsi. Une sage-femme qui compte des antécédents n’a qu’à trouver une pratique crédule ; a l’aide d’une miiémotechnie qui lui appartient, elle rappellera les divers peisniinagcs qui lui ont dii le jour ; a l’entendre, elle n’aurait pas été sans iiilUience sur l’arrivée du roi de Kome ; ou l’aurait consultée sur la naissance du duc de Itordeaux ; le nombre des comtes, — si l’on nous passe l’équivoque, — qu’elle a faits en sa vie lient vraiment du prodige, lin réalité, l’importance de la sage-femme est problématique ; ses prétentions, les médecins disent ses connaissances, soûl médiocres. On appelle une accoucheuse afin de pouvoir se passer d’un médecin. Il est des susceptibilités, des fortunes surtout, que le savoir titré, en frac et en habit de docteur, effraye el intimide ; on craint de ne pouvoir [layer l’accouchement : la sage-femme se présente alors môme qu’elle est sûre de ne pas être payée. Elle passe pour être de meilleure composition ipi’un accoucheur a diplôme, peut-être parce qu’elle reçoit de plusieurs mains. C’est elle qui, concurremment avec la marraine, fait de celte cérémonie bourgeoise nommée vulgairement un baptême, la plus onéreuse des invilalioiis de famille. La sage-femme accepte des cadeaux ; le médecin ne compte que sur ses honoraires, quand il y compte. Ces petits présents autorisés par l’usage finissent par lui composer une somme assez ronile, un revenu solide. On se dispense plus aisément de payer une detle que de faire ses honneurs ; la coulume est plus despotique (|ne la loi. Une enseigne que chacun connaît et dont les nouveau-nés supposent l’existence avant même d’avoir vu le jour, fait partie intégrante de la sage-femme ; disons toutefois que son portrait diffère souvenldeson tableau. On se tromperaiten faisant ici l’application de l’axiome ut piclum pocsis : d’abord la broderie au blanc de céruse ne perd rien par l’action de l’air et du temps de sa virginale blancheur ; en second lieu, une sage-femme qui apparaît sur le tableau dans tout l’éclat de la jeunesse et du talent