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se soient occupés a discerner les bonnes mœurs d’avec les mauvaises, à démêler dans les hommes ce qu’il y a de vain, do faible ou de ridicule, d’avec ce qu’ils peuvent avoir de bon. de saint et de louable : soit enfin (pu-, laissant la toute analyse, ils aient ailopté le pittores(]ue : toujoins est-il que nous devons être reconnaissants pour ceux qui ont entrepris celle tâche difûcile. Il n’y a même pas jusqu’il la satire, jusqu’à la personnalité, jusqu’à l’offense, qui n’ait son utilité et sa valeur, car tout compte et tout sert dans celte étude de l’homme ; seulement H faut plaindre les misérables qui. dans cette analyse de la vie humaine, au lieu d’employer le scalpel, se servent du poignard.

De nos jours, cette science de la comédie, trop négligée au théâtre, s’est portée partout où elle a pu se porter, dans les histoires, dans les romans, dans les chans.onSj dans les tableaux surtout. Le peintre et le dessinateur sont devenus, à toute force, de véritables moralistes, qui surprenaient sur le fait toute cette nation si vivante, et qui la forçaient de poser devant eux. Pendant longtemps, le peintre allait ainsi de son côté, pendant (|U(’ l’écrivain maichait aussi de sou côté ; ils n’avaient pas encore songé l’un l’autre à se réunir, atin de mettre en commun leurs observations, leur ironie, leur sang-froid et leur malice. A la fin cependant, et (|uan(l chacun d’eux eut obéi à sa vocation d’observateur, ils consentirent d’un commun accord à cette grande lâche, l’étude des mœurs comlemporaines. De cette association charmante il devait résulter le livre que voici : une comédie en cent actes divers, mais tout habillée, toute parée, toute meublée, et telle, en un mol. que, pour être complète, la comédie se doit montrer aux hommes assemblés. Songez donc que dans cette étude des mœurs publiques et privées, il y a des époques entières de l’histoire de France qui ne sont guère représentées que par des images plus ou moins fidèles : Boucher et V»"atteau. par exemple, ne sont-ils pas autant les historiens des mœurs du siècle passé, que Diderot ou Crébillon lils ?’ Que sera-ce donc quand ces deux façons de peindre seront réunies dans nu seid et même livre ? et quel livre charmant et surtout fidèle c’eût été là. un roman de Crébillon fils illustré par Watleaii ?

Je vais plus loin : quel que soit le talent de l’écrivain, et certes je ne prétends pas le rabaisser ici ; quelles que soient l’exactitude et la vérité de la page historique, un temps arrive où de ces tableaux dont les originaux sont si faciles à reconnaître pour les contemporains, quelques trails s’effacent toujours. Les habits changent de forme et de couleur ; les armes disparaissent pour faire place à d’autres armes : la laine est remplacée par le velours, le velours par la dentelle, le fer par l’or, la misère par le luxe, l’arl grec par l’art de la renaissance, Louis XIV par Louis XV, Athènes par Rome En un mot. que