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I.h : MKI.OMANK.

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rrpimtl au plumnqc. cl (lu’oii peut dire en oiiIcimI.iiiI cliaiili’i un homme : « (.’est nn l>iave, un souiiiois ou un sol ; n comme à la simple audilion de leuc clianl, on dil : (I c’est un coq, un corbeau ou un serin. »

Nous nous empressons d ajouter que l’iKuinenr de I invention ne nous apparlieui pas tout entier. Avant nous, deux jjrands génies, Siiaiispeare et Ciialeaubriand, avaienl déjà appli<iuc la musiciue à la eonnaissaiiee du conir hnniain. I.c poêle anglais s esl borné, il est vrai, a l’indiquer connue un inoven de juïemenl ué ;;alir. loisipiil a dit : Celui qui n’a pas de musique dans l’àrae est capable de toute espèce de noirceurs. «  hoii il suit (jnesi l’auleur tVllmiilcl enl été charrié de la ié<laetion du Code pénal, il aurait placé tous les yens (|ni n aiment pas la musii|n<’ sous la surveillance de la haule police.

1,’illuslre Chaleauliriand esl allé pins loin : lia remar<iné que les villageois, les l)eryers. Ions ceux enlin i|ui ne rlianleni (pie d’inslinct. |irélu<lenl toujours en mineur, et que l’air de toutes les complaintes villageoises esl modulé suice ton plaintif. Le chantre tWitala a vu dans ce tait la preuve « que la corde de la douleur esl la corde naturelle "a l’homme. » Ainsi, en supposant (|ne le sraiid poêle fùl loudié ino|)inémenl des régions élhérées sur noire globe tenesire, il aurait deviné tout de suite que nous sommes sujets a la mort, à la douleur, aux rages de dents, aux drames adultères, aux romans échevelés, a l’asphnl le, au bit urne, aux sociétés en commandite aux patrouilles de la garde nationale, et lout cela rien qu’en entendant nn villageois chauler en mibéiiiol. C’est une bien belle chose que le génie.

Nous nous sommes permis de glaner après ces deux grands hommes dans l’observalion du chaul, et voici <iuelques-unsdes lappoils que nous avons cru saisir entre le moral de l’homme et ses habitudes vocales et instrumentales. Toutes les fois que vous entendrez un de vos concitoyens préluder invariablemeni en commençant par les notes médium et en s’arrêlant avec complaisance sur les noies basses, de cette manière :

i à à à :).

( ces derniers sons murmurés iiniiolo ilans la cravate ), vous pouvez dire hardimcnl : c’est un Prud’homme, un Béotien.

Celui qui, dans la société, va jusqu’il trois couplets de romance, doit êlieconsiiliré comme ayant des dispositions à se rendre indiscret, importun. Quant au malheureux qui dépasse ce nombre et (jui ne craint pas de se permettre les six couplels, jugez-le comme un être de l’espèce la |)lus dangereuse pour la paix de votre foyer domestique, comme un personnage essenliellemeni rabâcheur, ennuyeux, assommant. Celui qui aitend pour fredonner nn air qu’il soit depuis longtemps lomlié dans le tuyau de l’orgue de Barbarie, qui aujourd’hui, par exemple, vous chaule ma Mormandie. ou le Posùllon de Lunjunwiin .- — perru(|ue, rococo. idées toujours en relard, comme une mauvaise pendule.