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I6ti LA (iliANOIÎ DAMK DE 1850.

manque de nalurel, ou l’étouffé sous IVuipesago de sa politesse maniérée, opposé de la politesse vraie, simple et de bonijoûl qui ilistinfjuait la «raiule dame d’autrefois. Rarementellesail être familière sans lomher dans le commun. Arrogante et dédaigneuse avec ses inférieurs, presque toujours elle pèse sur eux de tout le poids de son orgueil. Ses suseeptihilités sont excessives ; un rien l’alarme, ci, comme le soldat en faction devant une place nouvellement conquise, sans cesse elle est sur le quivive ; préoccupée de la crainte qu’on ne veuille Ini contester la sienne, ou qu’on ait la pensée de lui dénier sa supériorité, elle s’apprête "a soutenir l’une et à défendre l’autre par un redoublement de hauteur dans le ton el de roidein- dans les manièies. Avec In grande dame d’autrefois ont dispaiu les iminenses domaines, les vastes châteaux, dont les hautes el antiipies tours avaient puissance de protéger les hameaux qui en relevaient. Avec elle soni morts tous les droits seigneuriaux, coïKjuêle de ses ancêtres, prix de leur sang, fleurons de sa couronne ducale. Mans ses jielites maiscnis de campagne liâties d’hier, el où tout est mesuié "a sa petite grandeur, la grande dame du jour essaye de ressusciter la noble chàlclaine. Elle se pavane prétentieusement dans l’exercice de siui étroite et bourgeoise hospitalité, sorte de contre-partie de l’hospitalité princière qu’on trouvait chez la vraie grainle dame. Klle verri se donner avecle maire du village des airs de suzeraine avec son bailli ; elle se fail riMidre des honneurs par le garde champêtre. En parlant des crrllivaleurs ses feriuieis, <|rrel(|uefois plus riches (|u’elle, et par corrsé(|uerrl plus irrdcpendanls, puiscpie la bntune seirle maintenant donne l’indépendance, elle dit arrogammenl : Mes ]i(tijs(tii.s. I,e jour de sa fête, elle daigne quelquefois faire dairser les liabitarrts du village voisin de sa maisorr de campagne, devarrl la grille de son par-c ; el dans l’excès de sa niurrirrccnce, elle ajoute à cette faveur celle d’une dislrllinrion de deux ou trois pièces de petit vin, coupé sorrvent à l’avance, et par précaution hygiénique sans doute, de moitié eau. Où la gr-ande dame d’autrefois faisait sans éclat d’abondantes airmônes, celle d’aujourd’hui réparrd avec lasle ses parcimonieuses largesses, qui rr’adoucisserrl qrr’une heure la irrisère de l’indigent. .Mais en revarrche, el on lui doit la justice de le proclamer, si dans ses charités elle est li-op économe de sa bourse, dir moirrs faut-il leconrraître qu’elle s’y ruonlie prodigue de sa persoirne. Infatigable a danser pour’ les uns, à chanter- pour- les autres, on la voit darrre patronesse de toutes les fêtes, bals, concerts organisés au proUt des réfugiés, des pauvres, des veuves, des orphelirrs, que de géirérenses syni()atbies et la pitié publique serrtenl le besoin de secourir, l’oirssant le dévouenient pirrs loin errcore, et voil’a le sublime ! à certaines époques de par’oxysme pour l’indigence, alin de lui mieux venir en aide, la grande dame se fail irrarchande err sorr nom dans des bazars improvisés, oui, marchande ! et, avec le coirrage du Rédempteur-, accomplissant sa passion, elle poursuit toutes ses connaissances, riches ou non, les force h lui payer au poids de l’or les mille bagatelles étalées devant elle, les contraint à compléter la sorte de taxe des pauvres que les âmes corupatissantes doivent, dil-élle, s’imposer-, et dans laquelle personnelletrrent elle rre ligrrre guère cependant (pie par de petits ouvrages, travail de ses mairrs : rrrarrclrettes, pelotes, écrans, essuie-plumes, doni Harpagorr, si elle eût été sa tille, lirl arirarl permis de grand cœur de faire les