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plus polies. C’est a peu près par lui seul iiu’elli’ <’st au ineinier luii ;; ; aussi iloil-elle ptoporlioiiniT à la roiliinc de cciix iiireile vciil la coiisiiléralioii iiu’ellc leur accoide. Comme vous avez pu eu ju^jei- lorsi|ue nous souiiues entrés ici, sa vanité éprouve un liaul(lei ;ré de satislaeliou quand des noms liistori(|ues viennent orner ses salons ; mais iiénéralement, soyez-en sûr, ses plus profondes sympathies resteront toujours acquises aux milliounaiies. Dans sa eou versa lion, vous en tendrez souvent revenir des eliiffies ; c’est un ellet de la force du sang. « Il a tant de mille livres de rentes, des pro]>riélés qui valent (ri«/,des usines Uml, des manufactures /««/ ; c’est un homme donlle crédites ! illimité, c’est une excellente maison, ce qu’il y a de mieux à voir dans Paris. I) Son admiration s’attache-t-elle a un mrulile m)uveau,à un ticlic liijou, à un élégant équipage, elle ne manquera pas de couiiJter parmi les motifs qui la jusiitient le haut prix de l’objet admiré. Lagrande dame d’autrefois ne songeailjamais à la valeur numérique de chaque chose, elle ne savait |>as lalculcr ; l’argent lui était étrangei’, elle n’en salissait pas ses mains : c’était la tâche <le ses intendants, d’estimer et de payer toutes les créations que le luxe n’enfantait que pour elle. Si quelques incouvénienls étaient attachés a cette insouciante ignorance de la valeur monétaire, ils étaient rachetés par d’incontestaldes avantages : ses libéralités enrichissaient ceux qui l’approchaient, donnaient a tous ses actes, même à ses plus folles dépenses, un caractère de grandiose qui n’a rien non plus d’analogue maintenant. Mesquine en tout, la grande dame actuelle, si elle est piodigue, ne sait (|u’épuiser sa bouisc sans grandeur, dans le renouvellement incessant des mille riens que la mode produit quotidiennement. Si, au contraire, un esprit d’ordre la caractérise, elle ne sait mettre, la plupart du lemi>s, dans la tenue de sa maison que la paicimonie de ses bourgeoises traditions de famille. Petitesse, orgueil et vanité, voila la grande dame d’aujourd’hui ; voila l’époque. Chaque temps seud)le avoir’ la sienne, dans laquelle il se résume. Entre celle d’aujourd’hui et celle d’autrefois, la France en vit deux autres sur lesquelles je ne m’étendrai pas : l’une, celle du directoire et du consulat, rappela Aspasie et Phryné ; elle en eut les grâces, la beauté, l’esprit, le cceui-, les mœurs ; elle fit cesser la terreur, arracha la France aux saturnales révolutionnaires, y substitua les voluptueuses et brillantes fêtes dont le Raincy fut un des théâtres, et où allé- , rent se préparer a leur métamorphose les Brutus de la veille, (|ui le lendemain devaient se réveiller courtisans d’un despote ; l’autre, dans laquelle sa devancière vint naturellement se transformer else fondre, fut la grande dame de l’empire, morte avec le soleil dont elle était un rayon. Celle-lii aussi se montra un assendilage de contraires ; mais, lille de la victoire, elle en recevait jusqu’il un certain point les fascinantes proportions ; et si parfois perçait en elle queUiue chose des manières et du langage des camps, du moins son litre, l’hermine de son manteau d’altesse, étaient-ils le prix mérité de mille actions d’éclat sur tous les champs de bataille où l’aigle impérial avait abattu son vol triomphant.

La grande dame d’aujourd’hui a plusieurs voix dans la voix, comme vous avez pu le remaniuer en entendant madame de Marne. Elle en enfle ou diminue le volume selon la qualité des personnes aux(iuelles elle s’adresse. Dans les piéten lions de son orgueil, elle est toujours à côté dn ton juste, et fait l’effet d’un instrument discord. Elle