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vous avtv. été (quand vous ii’cles plus iin|ilii|uc uni» ’uc A’cxhlcnco ncgalive eUlo prôscnl), Jean se déraiiiie encore a voire inicMilion et fait quelque cliose pour vous ; il vous descend à la salle des morts, vous couche sur la dalle, allume ur.c veilleuse funéraire, et vous allaclie au liras i ;auclio le cordon d’une sonnelle. pour le cas prévu, et non impossilile, île lélliar] :;ie et de réveil. Jean ne demande pas mieux que de vous croire vivant ; mais prenez la peine de l’en avertir et sonnez fort, •n’II vous plaît. Sans celle précaulion, Jean vous remellra demain "a son camarade, le iiarçon d’anipliilhéàlre, leipiel ien<lra, le louel en main el la pipe a la bouche, réclamer .ses. s»j(7.s- ; car, le lendemain, vous ne serez déjà plus un mort, vous serez iiit siijcl : e"esl ainsi (in’oii appelle ceu des hommes qui, utiles encore après leur vie, servent aux recherches analomi(iues, — Ses sujets ! Quelle l’oyauté !

Royauté difficile el lomnienlée plus qu’on ne pense. — Les Jambes, les bras, les lêles sont queiquelois d’une iiiandc turbulence, et sans que le jialvauisme s’en mêle, l’analomisle ne les retrouve pas toujours le lendemain à la place où il les a laissés la veille. Ce phénomène s’explique Irès-nalurellemenl, c’est que les travailleurs se pillent les sujels, dans les pavillons, absolument comme le font les auteurs dramatiques au lliéàlrc.

L’inlirmier, pour y revenir, n’est jamais marié. — Il n’a pas, en général, une assez haute idée de l’espèce humaine, pour s’occuper de la perpétuer. — Jean ne fait pas V(eu de célibat ; il ne s’eugayc a rien, el il lienl. — Cependant, comme il y a partout des anomalies, Jean se trouve quelquefois pourvu d’une famille ; voici alors de quelle manière elle est distribuée :

Sa mère est aux Iiicurahles-Fniimcs .

Son épouse fait ses couches "a la Matcniilc.

Son premier est a VEitfant-Jésus.

Il a enfin un oncle concierge, dans nu hôpital de province. Cel oncle fait l’orgueil et l’espoir de toute la famille.

Linfiimicr n’est pas, comme on pourrait le croire au premier abord, le mâle de la garde-malade. Ils apparliennenl l’un el l’autre à une race très-différente. Celle-ci afiiclie des prétentions ; elle est toujours une veuve qu’a zclc dans l’aisance, nous son premier, pauvre défunt, (ju’élail un fort bel horanie, bien iinluqué ; elle az’héu des mnlhcurs.

Celui-là, et sauf les exceptions que nous avons indiquées tout h l’heure, descend sans honte comme sans vanité d’un père iuconnu et d’une mère dont il a perdu la trace. Les souvenirs de son enfance ne lui rappellent communément que des jeux de bouchon, de piyochc, et des escalades de lanternes et de parapets, pour bien voir des guillotinés ; il croil être né eu Bourgogne ; il s’est élevé... comme s’élèvent les champignons et les orties. — La garde-malade est ronde et grasse ; elle roule plutôt qu’elle ne va-t-cii en ville ; l’inlirmier est maigre et sec. Les malades doivent toujours être tentés de lui répondre : guéris-toi toi-même. — La voracité de la garde-malade se contieni toujours dans les limites des choses succulentes el sucrées.

— L’inlirmier, «piand il lui plail de déployer sa puissance digeslive, s’attaque