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120 LES COLLECÏIONNEIJRS.

cieiix ; lord D. . . . a sacrifié des sommes considérables a celle collection vraimenl remarquable. Aussi se vanle-t-ii avec orgueil de pouvoir monireraux curieux six Blarembergsilo plus que n’en possédait le feu roi d’Angleterre Georges IV, grand amateur de tabatières et de Blarenibergs. La collection de Petilots de lord D.... est presque aussi belle que celle du cabinet du roi de France, et tous ces Petitots ont conservé leurs montures de la fin de Louis XIV, époque a laquelle ils furent incrustés sur des tabatières pour servir de présents royaux. Feu M. de li..., grand collectionneur d’émaux, a longtemps cberché h se faire céder par loid D. . . . deux petits émaux de Limoges, du meilleur temps, et du dessin le plus correct, qui ornent une tabatière que l’on dit avoir appartenu a M. Abel Poisson, frère de la belle marquise de Porapadour et surintendant des bâtiments sous le règne du roi Louis XV ; mais lord D.... ne cède, ni n’écbange jamais rien : toute sa collection de tabatières est conlenue dans un coffre qui voyage, habite et couclie,si ce n’est avec lui, du moins près de lui. Lord D.... a fait deux voyages à Saint-Pétersbourg pour se procurer la tabatière de la grande Catherine, cette labarière sert d’encailrement au portrait dePotemkin. Lord D.... a substitué toutes ses tabatières à un petit neveu, à la seule condition qu’elles ne seront pas vendues, et qu’elles jouiront de tous les soins et de tous les honneurs qui leur sont dus. l’ne rente de ^ ,000 livres sterling a été allacbée a cette substitution. Il faudrait, non pas un volume, mais des cenlaines de volumes pour décrire et analyser les différentes passions des collectionneurs, pour peindre avec des couleurs vraies, pour dessiner d’un Irait lidèle ces hommes excentriques, ces espèces de Diogènes enfermés dans leuis tonneaux et ne demandant au monde que de leur laisser la libre jouissance de leur soleil, de leur goût, de leur Dntla, de leur monomanie. Un de ces heureux, de ces fous, de ces martyrs d’une idée, a vécu vingt-cinq ans, enfermé avec des momies ; il ne voyait que des momies, et il avait fini par les regarder comme un peuple animé, vivani, comme des conciloyens. des voisins ;;» chacune de ces momies il avait donné un nom, sous lequel il la connaissait, la choyait cl la courtisait ; enfin, il avait fini par s’éprendre d’un hideux cadavre entouré de bandelettes, grimaçant une liorTiblc expression, avec des lèvres et un visage noirs, retirés, flétris, sécliés ; il prétendait que ce cadavre ignoble n était autre que celui de la tille du second des Pharaons, (|uc la boîlc rpii la renfermait racontait en peintures hiéroglyphiques sa royale origine cl sa morl ; une assemblée de savants eut lieu, et d’après un avis unanime, celle nu)niie fui élevée au rang de momie royale, de momie sacrée ; dès ce moment le collectionneur son maître lui porta un intérêt plus grand qu’a toutes les aulres momies ses sœurs : il rêva de cette jeune princesse, il l’entrevit dans ses songes puisant de l’eau aux sources du Nil, se faisant suivre aux .H-cents de sa douce voix i)ar les crocodiles veris du fleuve ; et, jamais amant n’aima sa maîtresse comme le collectionneur aimait sa momie : ou ne le voyait pres- <|ue plus, il s’enfermait avec la fille du second des Pharaons et s’épuisait en adorations lespeclueuses devani celle muellc allcsse royale. Lu matin, après une nuit froide et humide, le collectionneur trouasii inimiie renversée : les bandages sacrés s’élaienl <léfails : le corps de sa beauté lui appai ul loul enlier. pour la première fois : mais brisé, ninipu : l.i clmlc ipi il .iN.nl l ;iilc l.ivail liri)é. Lu essaanl de la-