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VIII

qu’a visage découverl ; où l’oubli, la tierlé. l’arrogance, la durelé, l’ingralitude, élaieiil la monnaie couranle ; où l’honneur, la vertu, la conscience, étaient inutiles ; où l’on voyait des gens enivrés et comme ensorcelés de la faveur, dégouttant l’orgueil, l’arrogance, la présomption. Région incroyable ! « Les vieillards y sont galants, polis et civils ; les jeunes gens, au contraire, sont durs, féroces, sans politesse ; affranchis de la passion des femmes dans un âge où l’on commence ailleurs à la sentir : ils leur préfèrent des repas, des viandes et des amours ridicules. Il ne manque à leur débauche que de boire de l’eau-forte. Dans cet atlVeux pays, les femmes précipitent le déclin de leur beauté par des artifices qu’elles croient servir à les rendre belles ; leur coutume est de peindre leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules qu’elles étalent avec leur gorge, leurs bras et leurs oreilles, comme si elles craignaient de cacher l’endroit par où elles pourraient plaire et n’eu pas montrer assez. Ce pays se nomme Versailles ; il est à quelque quarante-huit degrés d’élévation du pôle, et à plus de onze cents lieues de mer des Iroquois et des Patagons ! »

Affreuse peinture, et pourtant pleine de verve et d’esprit. Cependant allez à Ver.sailles : en moins de dix minutes, vous aurez franchi ces onze cents lieues de mer, et, dans ce palais qui fut la France entière, vous trouverez la déification la plus entière de ce même peui)le qui pénétra la première fois dans ce palais pour en arracher , de ses mains sanglantes . le roi , la reine et l’enfant royal. Dans ce pays d’Iroquois et de Patagons, la royauté s’est faite si humble et si débonnaire, que c’est à peine si quelques chapeaux se lèvent quand passe le roi qui a relevé ces murs. Certes, ce sont là d’étranges dissonances qui parlent plus hatitque tous les philosophes du monde, qui nous enseignent mieux que Salomon lui-même, les vanités de la toute-puissance, et aussi combien il est nécessaire d’écrire au jour le jour l’histoire mobile et changeante de celte pauvre humanité.

Oui, ce monde-l’a s’est perdu ; il s’est évanoui dans les révolutions et dans les tempêtes. Mais cependant, de cet ancien bagage, que de choses nous sont restées ! Nous avons gardé, par exemple, ce nuKjusi)) de phrases toiites fuites et dont l’on se sert pour se féliciter les uns les autres sur les événements. Aujourd’hui, comme autrefois, avec cinq ou six termes de l’art, et rien déplus, l’on se donne pour connaisseur en musique, en tableaux, en bâtiments et en bonne chère. Aujourd’hui, comme autrefois, nous ne manquons pas de ces gens ’a qui la politesse et la fortune tiennent lieu d’esprit et de mérite, qui n’ont pas deux pouces de profondctu’. à (|ui la faveur arrive par accident. Mais ces fort unes-lh se font autrement, elles se |)roduisent autre part : aujourd’hui le monanpio a tliang(, c’est le peuple qui ;i des liai leurs ii son tour.