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i. l’Kii iwNTii :. ^ ui

OpoïKlant, coiiinio . a son gré, il n est rien au monde d’aussi onnuvciix qu’une existence solKaire, il aiiive une heure où elle sarran ;.’e de façon que son monologue soit toujours interrompu. I. anneaux formes humaines <|ui <loit lui donner la ivp|i(|ue est eonunis marchand dans un mai^asin de nouveautés, et passe immanqualilement pour son cousin, comme cela se pratique dans les vaudevilles du jour. ’n ne se bornent pas les relations de la figurante. Indépendamment de l’Iiahilleusc Pl de la lleuiiste du théâtre , elle comp{>se encore sa société des Ta^lioni en herlie des l’unaniliules et des Dorval en espérance, (|ui s’exercent tous les quinze jours a hurler le mélodrame a la salle Chanlereino. Au reste, elle est au mieux avec sa portière, "a qui elle donne [iresqne quolidlennemenl une foule de billets de spectacle sans droit. Elle n’a pas de caries de visite, mais elle écrit sur sa porte avec de la craie : Madcmoisrtle ’", iirtisle drnimt’uine ,

ilc’Difure ici .

On s ;iit combien est mince la rétribution que la li ?;urante reçoit ric la caisse du théâtre : ce prix varie toujours de quinze sous h deux francs , mais il lU’ va jamais au delà, l.a li ;;nrante trouve que ce n’est pas assez ])our les besoins les |)lus usuels de la vie. Aussi, pendant tout le jour, aux heures on elle est dispensée de s’ajuster le jupon de villageoise ou le béguin de la nonne, elle cherche de nouvelles ressources dans le travail. Abeille intelli ?;ente. elle picore partout. Makré le levain de paresse native (pii fait la base de son caractère, elle se plie ii toutes les petites exigences de l’ouvrière "a la journée. Tantôt elle lave , plisse, blanchit, et ourle des cravates ; tantôt elle brode des bretelles e( des calottes grecques pour li’s marchands de pacotille. Généralement, c’est avec les écotniniies qui proviennent de ce travail <iu elle va le dimanche dîner, monsieur son cousin sous le bras , dans les cabinets particuliers de l’Ermitage. Le festin do Balthazar n’est rien, comparé au luxe de ce banquet "a deux Icles. .Souvent, dans les transports d’une double iviesse. les deux amants s’oublient jus<]u’à demander une omelette au rhum, suivie de l’indispensable bouteille de Champagne. Qu’on s’imagine a quelles joyeuses extravagances elle s’abandonne alors. Il n’y a pas d’aimables folies dont on ne s ingère ; toutes les atrocités y passent ; on casse des piles d’assiettes, on chante des cavatines avec accompagnement de couteaux, et si aucune solennité de rigueur n’appelle au théâtre, on va terminer la soirée dans les mystérieux bosquets de l’Ile-d’Amour.

Mais aussitôt qu’elle remet les pieds dans ce sanctuaire qu’on appelle les coulisses, la figurante se révèle prude, affectant une petite moue vertueuse chaque fois qu’un galant s’approche trop de sa taille de guêpe. Il faut bien dire toutefois qu’elle ne garde pas la même rigueur envers tout le monde. Par exemple, bien loin de témoigner tant de rudesse aux faiseurs ’a succès , elle tourne au contraire tout autour d’eux , les suit sans cesse, les entoure d’agaceries , et leur dit souvent avec une adorable naïveté tout en leur faisant un collier de ses deux bras.

(I Mon amour d’auteur, ne me ferez-vous pas un lonl pclit bout de rôle’ ? «  Alors. ]iour ]ieu tc l’auteur paraisse hésilci-, elle le serre de près, le ciÉJolc .