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I. l’IGlUAME. ^^5

P ;iur(’ (illc ! elle ne cossi- jamais irispoicr. Qu’on se ïaiilc ilc cro’ue iprelli’ ft-ra désotinais lo iiuiiiidre ciïoil (muii’ avaiR-or iliiii pas. l’inil liuiiilili’ im’il soil, ce lûle te couipai-se satisfera longtemps tous ses désire.

Aliii iriiliôii- aillant ((u’il est on clli’ à la liadition. la ll ;;nranlo n’otililie jamais d’ai >ii- un nom doux comme le miel. Iilanc comiuo le lail. On sait (pie par les liaplrnies <pii eoiiienl aujourd’hui au théâtre, c’est une chose de la plus haute importance ipic de l)icn se nommer, lui ceci . les choses ont été portées a un tel point que les nomenclatures du calendrier sont devenues insuflisantes. Avant donc de faire son choix, la lij ;uranleiuet à conirihulion toutes les héroïnes de romans à sa connaissance. Elle cherclic. elle s’informe, elle fouille dans tous ses souvenirs, elle s’interroge longtemps. Cela fait, elle conclut Si s’appeler au choix Paniéla, Maria, Cœlina, Flora, Indiana. Emma. I.éiia, Lucie. Iléloïse, ou même tout cela "a la l’ois. Plus tard, dans (juelque soirée solennelle, au milieu des causeries d’un entracte ou d’un trioîU|ilie de foyer, elle recevra de ses camarades un sobriquet caractéristique comme ^eZ-Œi/, liouche-Iiosc ou Fiiie-Oiiille, petit appendice qui. pour n’être pas sou ap|U’llalion réelle, n’en deviendra pas moins le nom au(]uel on 1 liahituera h réjiondre. Au jour de son début, la fig.raute a dix-sept ans, quelquefois plus, rarement moins. La première fois qu’elle se produit en scène, bien des jumelles d’habitués se lèvent à sou approche pour s’assurer si elle est brune ou blonde, pour voir si elle a de grands yeuï, voilés de longs cils. Le plus souvent la friponne a bien d’autres trésors vraimenta étaler devant les sultiins de l’orchestre : c’est une bouche mutine, un petit bras rond, une petite main, un petit pied et bien d’autres richesses encore ! Ou la trouve jolie ; c’est déjà bien, mais ce n’est pas encore assez. Tous ces avantages ne lui serviraient pas a grand’ohose, s’il ne lui était pas possible de les mettre en évidence. Être belle, voilà sans doute une excellente raison de succès ; être intelligente, c’est-à-dire vive, enjouée, sautillante, mobile, avoir l’œil en coulisses, la taille bien dégagée, la jambe tendue, voilà mieux que l’espoir du succès, voilà le succès certain. On sait qu’il consiste pour la figurante à s’avancer toujours la première, soit qu’il s’agisse d’une ronde villageoise, soit qu’il faille simuler au naluiel un cercle de bourgeoises endimanchées. Pour se conquérir cette place au premier rang, il n’est pas de petites luttes qui lui fassent peur. Tous les artifices de la coquetterie, un châle |ilus frais, une bouche plus souriante, ces souliers si petits, ces bras arrondis sur les hanches, comme les anses d’un vase étrusque, les œillades assassines au régisseur, les coups de langue sur le compte des beautés rivales, un baiser par-ci, une complaisance par-là ; rien ne lui coûte pour obtenir le droit de marcher en tête. S’il le fallait, elle provoquerait au besoin une nouvelle épreuve du jugement de Paris ; de même encore rien ne lui semble aussi cruel que de se voir reléguer, de chutes en dégringolades, jusqu’aux derniers anneaux de la queue : on sait, en effet, qu’à ce point la tête, si jolie qu’elle soit, devient iiu|)erceplible aux yeux du public. lue chose qui n’est pas moins digne de remarque, c’est l’humilité de la figurante vis-à-vis des chefs d’emploi. On dirait de la soumission ; si ce n’était mieux que cela, delà crainte. Une reine, une grande coquette, un tyran, la robe à queue, le sceptre de carton peint, la couronne d’or, exercent sur elle un pouvoir souverain ; ils peuvent