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!(»() LE MEDECliN.

ri(l(’ei|iii viciil .’i 1(111 1 le momie ; ers iiréeaiilions parlenienlaires lieiiiiciil ,iii cli’liiil . le siucés lient à nuire eliose. Il suflil (ruser des procédés reçus pour (’Ire médecin ; mais pour être célèbre, il faut avoir une méthode à soi.

Faire son chemin ; pied quand on a la renommée pour but, c’est vouloir arriver tard, ou plu((it n’arriver jamais ; on prend donc une voiture. On avail in habit neuf, on s’adjoint un paletot ; on habitait un troisième, on monte au premier. C’est une avance sur la clientèle : venir ; les malades ne vous prennent qu’à moitié chemin. On fait meubler un appartement splendide, el l’on accroche dans son cabinet la gravure (Vl/ippocmlc ir/i(saiit les présents <l-litaxeiTcs, alin de pouvoir dire avec conscience : Il y a chez moi du désintéressement.

N’est-on pas connu , c’est un avantage : on a tout ;"i gagner du moment que l’on n’a rien à perdre ; les malades attendent la santé, de même que vous alteudez... la maladie. Ce (|ue d’autres oseraient ;t peine tenter de peur de compromettre une réputation, on l’exécute de sang-froid pour faire la sienne. Viennent alors les grandes maladies, celles qui impriment tout d’un cou|) le sceau à la rcpulation d’un médecin, ces bonnes complications de Vaigii et du chronique, ces bonnes fractures (pii emporlent le quart d’un individu, et sauvent son médecin aux trois (piarts, ces bons empoisonnements qui l’établissent profond chimiste et criminaliste distingué, el lui font découvrir dans les Iraccs d’un crime ancien la roule d’une renommée nouvelle ; el le médecin triomphe, le char de la médecine se Iransforme en une (Icnii-forUine (pi’il vient de se donner. Ne itouvant se constituer de prime abord une célébrité de talent, il unit son savoir à (|iiel pie riche héritière du coinmeree parisien (pii l’établit une célébrité d’argent. A-l-on peu de malades, c’est le moment de concentrer tous ses soins sur un seul, de suivre son idéal, si on en a un en médecine, de se montrer le médecin modèle. Celui-ci arrive A heure fixe ; il reste près d’un quart d’heure chez ses clients, s’informe de la (|ualilé des remèdes, se fait exhiber les déjections plus nu moins louables, passe les nuits, au besoin pose les sangsues, suit une maladie ù la campagne, et donne des consultations gratuites aux gens de la maison. Le médecin qui débute ne connaît aucune saignée (|ui lui répugne ; parfois il se saigne lui-même, pécuniairen’ent parlant. On vend une propriété pour avoir une clientèle ; 1 1 clientèle est une propriété. On l’achète souvent toute faite, l’n bon moyen de s’en cirer une , c’est de supposer qu’elle existe ; beaucoup de médecins commencent par èlre célèbres , afin d’arriver h être connus. Faites réveiller vos voisins, (|ue l’cm vienne vous chercher ù toute heure de la nuit au nom de telle duchesse (|u’il vous plaira , (irise dans le nobiliaire de d’Hozier, que la santé du faubourg Saint-Germain tienne, s’il se jieul , A une de vos minutes ; (|u’une file de voitures armoriées stationne devant votre porte ; alerte ! valets de pieds, cliussrurs, livrées de toutes sortes : que l’on fasse queue devant chez vous, que l’on s’y égorge comme aux mélodrames : vous tenez d(’j ;1 l’ombre , la réalité est à deux pas.

Le médecin affectionne la presse périodique comme moyen de publicité et de diffusion. S’il parvient A fonder un journal de sciences médicales, chirurgicales, médicochirurgicales ou chirurgico-médicales, c’en est l’ail , il a posé les fondements d’une renommée sans bornes, c’est pour lui le le ier d’Arehimède , el la science ne saurait