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voir enfin (|iiels t’Iiiicnl ll■^ iionis de ces tilrés plrliOiens i|ui vciiak’iil crétic aiilorisés par la Charte, hélas 1 A porler la inénie iiualiliealioii que celle donl sa lamille avait été tlécon’e par le roi Louis le Juste. On accède respectueusement à sa re(|uéte, on se rassemble autour d’clli’, et l’Almanach impérial aidani ; l’ijjnorance de certaines choses, ou finit par appliquer assez exactement cliacuu de ces duchés foiains sur son titulaire inqiérial. Apres une dissertation qui ne dura pas nuiius d’une heure et demie : «C’est bien entendu, nous dit-elle, et me voil’i tout aussi bien apprise que «messieurs de Montesquiou. — Mortier, c’est Masséna ; Madame >'ey, c’est Elisabeth de oFrioul ou deCarii.ÎLiie, comme on dirait Kléonore d’Aquitaine et îîlanche de Castiile ; «enfin, le jjénéral Suchet , c’est Monlébello : je ne me souviens pas des autres, el je «ne vous en demande i)as plus. - En vous remerciant de votre complaisance, et pour «votre érudition.)’

Parmi les duchesses de l’ancien régime , il est bon de mentionner la duchesse héréditaire. Cette variété de la duchesse en expectative est nécessairement progressive , le plus souvent anglomane, et presque toujours blue-slocldng. Tous ses valets sont poudrés comme des postillons de Longjume.iu , cl cilui qui sert de valet de chambre est un véritable groom of bediliambcr. Vous pensez bien que mesdemoiselles .ses filles ont des gouvernantes anglaises. Elle ne veut parler qu’anglais , quoique sa mère et son mari n’en sachent pas un mol. Elle ne peut manger avec plaisir que de la gibetolte-soup ou de la bread-sauce , et son mari , qui est un bon Français , serait pourtant bien aise de lui voir manger des pigeons â la crapaudine ou des poulets en fricassée , de temps en temps ; mais il ne saurait obtenir qu’on lui serve du melon qu’au dessert ; et, pour avoir la paix du ménage, il est obligé de le manger avec de l,i rliubarbe. On lui fait journellement, fi cet excellent mari, du potage à l’anglaise, c’cst-à-diie avec de l’eau , du poivre et du thym : il en gémit toujours, et ne s’en irrite jamais. C’est bien la meilleure pAte de duc qui ait jamais été confectionnée sur une estrade et sous un ciel de lit empanaché.

Aussitôt que cette belle dame entend résonner les trois coups de cloche qui lui annoncent une visite , elle se met à lire un journal anglais, une gazette immense, et la conversati(m roule infailliblement sur le dernier bal d’Almaks et les copieux diners du prince Louis Napoléon ; ensuite on s’entretient agréablement , cl l’on disserte avec intérêt sur les paris de M. le comte d’Orsay pour la course au clocher de Sittingburn , ou pour les joutes de coqs au bois d’Epping. Quand vous n’êtes pas obligé d’écouler la lecture d’un article biographique ou littéraire de lady Blessingtcm, vous êtes bien heureux d’en être quitte A si bon marché ; ne vous i)laignez donc pas, et surtout n’accusez jamais qui que ce soit d’anglomanie. C’est une indigne expression qui vous ferait un tort affreux. < !n assimilerait cette accusation barbare à tous les actes de la méchanceté la p !us noire , el de la brutalité la plus odieuse. Apprenez qu’un jeune homme est (liin-putahlc , el presque déshonoré, quand il n’est pas membre du Jokey-Club de Paris , où il est formellement prescrit de ne jamais parler que de filles et de (lietaux. Ne prenez i)as ceci pour une moquerie : c’est un des principaux règlements de celte agréable et spirituelle agrégation. Cette charte prohibitive est loiijours affichée dans f grcut moiii . im grande salle du Chili. Si vous voulez parler politique