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(’edc collcclioii v ;ù[ une Niaic iom’ m sIimu’Usc rnsa myslUn . cuniiiif (IIm’iiI les LiUiiiics. I.c j.’iicl 11 (le rAiiijIais cnI un /(«/r/H environné de hautes muraillrs , iliins le(|ni’l ]HiM)nrie n’élail jamais admis, sous quelque iirélexle (|ue ce fùi. Il était rréné(l(|iieiiiiiil jalons (le ses roses. C’était |iour lui seul (|ue ses Heurs devaient étaler leurs rielies eoideurs . depuis le pourine jus(|u’au rose le i)lus i) :le , depuis le violet sombre jus(|u’au llie jaune, jusqu’au blanc ; c’était pour lui seul qu’elles (levaient exhaler et confondre leurs suaves odeurs, l’n écrivain allemand a dit : (( Les jçens heureux sont d’un diftieile accès.» Notre Anglais A ce compte était le plus heureux des hommes. Personne n’avait jamais vu ses roses. Il était jaloux d’un petit vent d’est qui , le s( ir, en emportait le parfum p ;!r-dessus les murailles , et , pour compléter les rifîuetirs du harem, il pensait souvent A faire garder ses roses , ses odalisques, par des eunuques d’un nouveau i ;einc , par des gens sinon aveugles , du moins sans odorat.

Le bon curé néanmoins se uut en roule une nuit ; il fit cinq longues lieues dans une voilure non suspendue ; il avait alors pres(le(pialre-vingls ans. Il arriva avant le jour ; il s’adressa ;^ un jardinier, el , il faut le dire, on l’accusa d’avoir emi)loyé jusqu’à la corruplioii wuv engager rcunu(|ue ;> riiiirodiiiic dans cet asile mystérieux des plaisirs de son maître.

Le jardinier se laissa séduire ou corrompre . et , aux premières lueurs du jour, il ouvrit doucement , avec une clef graissée , la porte , od l’attendait le bon curé, respirant A peine , haletant , oppressé. La porte s’est ouverte sans bruit , les deux complices marchent A |)as lents el silencieux. Le jour est si faible, ((u’on ne distingue rien encore, mais il semble que l’on respire un air embaumé. On va voir les roses... Tout A coup une voix sort d’une persienne :

" Williams ! ohé Williams , conduisez monsieur hors du jardin, n Il n’y avait rien ù répliquer : il fallut sortir, remonter dans la carriole, et revenir, après dix lieues dans les plus mauvais chemins , sans avoir rempli le but du voyage. Pour consoler le curé , un voisin soutint le paradoxe que l’Anglais ne tenait son jardin si fermé que parce qu’il ne possédait pas une seule rose. Qui sait ?

En général , les amateurs n’admettent pas tout le monde dans leurs jardins ; ils ont surtout horreur de certaines espèces qu’ils désignent sous le nom île f’/euriflion et de inrioicls.

La corruption , l’escalade , la fausse clef . l’abus de confiance , n’ont rien qui effraye certains amateurs ix)ur se procurer nne greffe , un m/ d’un rosier qu’ils ne possèdent pas.

En 1828, la duchesse de Berri «Wm/ desifmu de roses qu’elle faisait tous les ans A Rosni douze fleurs qui lui parureut d’une beauté remarquable ; cependant , comme il ne s’agissait pas seulement d’avoir de belles roses, mais des roses nouvelles et inconnues, elle chargea madamede Laroehejacquelein de les faire voir à un célèbre jardinier. Le jardinier, après avoir examiné les fleurs pendant dix minutes, en déclara trois NODYELLES. L’uHC surtout lui parut mériter la i)référence sur ses deux rivales , et elle fut appelée Inhriile île ftufiii.