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I, IIOKTICLLTEI K. i)l

Il l’iiiilc A plaibir .. Mcdor vcii-lu venir ici ? allez derrièn’... Il espère se faire iHr ;mijler, parée i|iril sait liieii cpie (|iuiii(l un cliieii èlraiijjle un mouliiii . c’esl le paiire hertier ((ui le pae.

Celui (pii éeril ces lij ;nes a failli perdre la vie. pour s’flre |)eruiis de dire un jour, A propos d’une giroflée aiinoneOe comme bleue, el qui avait prnduit des fleurs du jilus beau jaune : — A (pioi sert-il d’avoir une giroflée bleue si elli’ lleurit toujours jaune ’.' Mais voici une bistoiredoni nous avons été témoin. On se rappdic l,i fureur avec laquelle on a , il y a un trentaine d’années, eidlivé les tulipes dans toute l’Europe, et surtout eu France, et plus encore en Hollande.

L’n oignon , .satipcr migitslns . fut vendu 12.000 francs. Une couronne jHiine . 1,123 francs, cl une calèche attelée de deux chevaux bais.

l ne tulipe médiocre , le rue-roi , fut vendiu’ pour les objets suivants : (Jualre tonneaux de froment, huit de seigle, (|uatre bœufs , huit cochons , douze moutons , deux tonneaux de vin , quatre de bière , deux de beurre , mille livres de fromage , un lit complet , un pa(|uet d’habits et un gobelet d’argent.

cette ép(«pu’ , on voyait dans les gazettes , aux yottielles étrangères : 

.AMSTERDAM. — L’amiral Liefhens a parfaitcmenl fleuri chez M. Berghem. Mais passons à noire histoire.

Un jour on avisa que les tulipes ; fond jaune n’étaient plus belles , que c’était à tort ipi’on les admirait depuis si longtemps-, que lc> seules tulipes que l’on (ùl avoir et cultiver étaient les tulipes à fond blanc ; que toute tulipe jaune serait mise à la porte des plates-bandes qui se respectaient, et que leur graine serait maudite etjetée au vent. Les amateurs se divisèrent ; on écrivit des lettres , des brochures, des chansons , des pamphlets, des gros livres.

Les amateurs des tulipes jaunes furent traités d’obstinés, de gens enveloppés des lan-, ges des préjugés , d’illibéraux , de rétrogrades , de ganaches, d’ennemis des lumières, et de jésuites.

Les partisans des tulipes blanches furent déclarés audacieux , novateurs , révolutionnaires, démocrates , tapageurs , sans-culolles, jeunes gens. Des amis se brouillèrent , des ménages furent désunis , des familles divisées.

Un soir (|uc M. Muller jouait aux dominos avec un de ses camarades d’enfance , horticulteur comme lui , on parla des tulipes , — des tulipes jaunes et blanches. M. Muller tenait aux jaunes ; son ami était pour les idées nouvelles. MéhuI , du reste amateur très-distingué , venait alors de passer aux blanches. M. "Muller et son ami , fous deux hommes de bon goiit et de savoir-vivre , mettaient la plus grande modération dans leurs paroles , et évitaient avec un soin extrême d’en venir jusqu’à la discussion.