![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/fb/Les_Fran%C3%A7ais_peints_par_eux-m%C3%AAmes_-_tome_I%2C_1840_%28page_13_crop%29.jpg/500px-Les_Fran%C3%A7ais_peints_par_eux-m%C3%AAmes_-_tome_I%2C_1840_%28page_13_crop%29.jpg)
Il faut bien toujours que les écrivains d’une époque rendent au public ce que le public leur a prêté, et l’écrivain n’est jamais si heureux et si populaire, que lorsque le public lui a beaucoup demandé, et lorsqu’il lui a beaucoup rendu. Plus ses emprunts sont nombreux, plus il est lui-même un homme de génie. C’est là l’unique raison qui a fait de Molière le premier poète du monde ; car nul plus que lui n’a emprunté à l’humaine nature, ses vices, ses ridicules, ses passions, ses haines, ses amours. Heureusement pour les emprunteurs à venir, que si le fond de l’humanité est le même toujours, la forme en est changeante et variable à l’infini. Chaque siècle, que disons-nous ? chaque année a ses mœurs et ses caractères qui lui sont propres ; l’humanité arrange toutes les vingt-quatre heures ses ridicules et ses vices, tout comme une grande coquette arrange et dispose ses volants, ses bijoux et ses dentelles ; et nous ne voyons pas trop, puisque les marchandes de modes ont des livres sibyllins tout exprès pour expliquer jour par jour les révolutions de leur empire, pourquoi donc