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LA MÈRli D’ACTRICE.

SI

bert, artiste du tliéAtro de... qui a joui’ avec tant de succès dans le drame de... dans le vaudeville de... dans l’opOra comique de... El je suis sa mère !» On arrive. — LaSaint-Hobert fait en passant un petit salut fort sec à la concierBC des coulisses , cette puissance dramatique, avec laquelle elle est fort mal depuis loiiji ;tcnips. Du reste, il est difficile de citer dans tout le théitre une personne avec laquelle elle vive en bonne intelligence ; son caractère acariâtre la constitue en état d’hostilité vis-A-vis du i ;enre humain tout entier. Elle s’est disputée avec les ouvreuses de loges , avecle souffleur, avec les machinistes, avec le chef d’orchestre , avec le chef d’accessoires , avec tous les comparses. Aussi, quand elle parait au théâtre, une grimace fort expressive se dessine-t-ellc sur toutes les physionomies. Aurélie rencontre dans les escaliers le régisseur, (pii parait tout effaré. « Ah ! vous voilà enfin, mademoiselle Aurélie !

s’écrie-t-il. .j’allais envoyer chez vous. Vous êtes en relard de plus d’un (piarl d’heure I

— Voyez-vous le grand malheur ! se hAte de ré-

pliquer la Saint-Robert. Comme il est échauffé, le cher amour ! Ne dirait-on pas que tout est perdu ! Il faut bien donner le temps aux gens ! Nous ne sommes pas , Dieu merci ! comme votre pie-grièche de première danseuse, qui déjeune avec une botte de radis pour avoir de quoi placer A la caisse d’épargne, et qui ne met pas son corset le matin, parce que ça pourrait l’user !

— Ce n’est pas A vous que je parle, madame,

mais à mademoiselle votre fille.

— Eh bien !... c’est moi qui te réponds, mon

cher... Ouoiqu’à présent tout soit bien en désordre, une mère est toujours une mère...

— Mademoiselle Aurélie , je me verrai forcé de vous mettre ! l’amende.

— C’est bon... c’est bon... reprend la Saint-Robert ; on vous la payera, votre amende... Ma parole d’honneur, ici tous les appointements s’en vont en amendes... Avec ça qu’ils sont frais leurs appoinlements !... C’est égal... on n’en sera pas encore réduit a manger des coquilles de noix !... Fait-il des embarras celui-h ! Ma parole d’honneur, s’il ne ressemble pas comme deux gouttes d’eau à la grenouille qui veut se faire aussi grosse qu’un œuf.’ ça fait pitié, ma parole d’honneur !» Ijf régisseur hausse les épaules , et ,urélie rit comme une folle. Le directeur et l’auteur, qui sont déjà depuis longtemps sur la scène, donnent de fréquentes marques d’impatience. Un ah ! fort expressif leur échappe lorsqu’ils aperçoivent Aurélie ; mais le directeur ne paraît pas fort satisfait en voyant sa mère à ses côtés. Les mères d’actrice, en général, et la Saint-Robert , en particulier, sont l’une de ses antipathies. Il sait qu’elle ix)rle partout le bruit, le désordre, la division ; il sait qu’elle ne peut retenir sa langue, et qu’elle trouble souvent les répétitions cl les lectures ; il sait enfin qu’.Vurélie serait une excellente pensionnaire, si sa mère ne lui II