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I. (Ol K rtASSISKS. 71

Idosciiplioiis de la loi. si la voiv plus iiiipéiioiisr enooii’ du devoir ne siidisenl pas Ce moyen le voie ! : les déliais sont publics, el le résumé csl une partie cssciilielle des débats. I.a sténographie est rinslrunienl de publicité le plus ample et le plus fidèle . Il faut (|ue le sténographe reproduise mol ii mol les paroles du président, el ]<• public les jugera.

Il faut aussi que le garde des sceaux dépêche instructions sur instructions pour réprimer un abus qui éclate de toutes parts el dont les ravages auraient dû déjà être arrêtés.

Le président n’a pas seulement la direction des débals, il a la police souveraine de l’audience, et ici je ne crois pas sortir de mou sujet, en traçant l’esquisse des assistants habituels de nos cours d’assises.

IV.

La cour d’assises a sa sorte de public qui ne ressemble ’a aucun autre. Quelques ouvriers sans ouvrage, des femmes de mauvaise vie, des piliers de cabarets, des souteneurs de filles, des voleurs émérites ou apprentis, des échappés du bagne, des vauriens, des désœuvrés, des habitués, se pressent aux rampes de l’escalier qui mène a la salle des assises. A peine onverte, ils l’inondent, se tiennent debout, se serrent, se pressent, se coudoient, se lèvent sur la pointe du pied, s’agitent dans tous les sens, et présentent de loin comme une masse noire el mouvante d’où s’echappeutdes gestes brusques, des plaintes étouffées, des contractions énergiques el des bruits confus de pudeur, de jurements, de langue et d’argot. Tel filou ou tel assassin vient y apprendre comment on doit dérouter un témoin, éluder une question, inventer un alibi, masquer un fait , interpréter une pénalité. Tel n’y va que par curiosité, qui en sort avec la tentation d’un crime, avec un germe formé et tout près il éclore. La manie de l’imitation fait plus de criminels que l’appareil du jugement el la crainte des supplices n’en épouvante. La cour d’assises est une détestable école d’immoralité.

Voilà le premier plan, le plan du iond, l’auditoire. Le peuple (ne profanons pas ce beau nom ), la populace est debout au parterre. Les dames occupent les banquettes réservées ou l’orchestre. Parées, attifées, coiffées déplumes et de fleurs, elles viennent se poser pour voir ou pour être vues.

La femme du monde n’est pas méchante : mais elle est la plus curieuse de toutes