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LE GOGUETTIER




Les électeurs parisiens à 200 francs et au-dessus, les hommes d’ordre et de boutique ont entendu prononcer le nom du goguettier une ou deux fois au théâtre des Variétés, et ils savent, c’est-à-dire ils croient qu’il se nomme Loupeur ou Balochard. Pour eux, c’est l’ouvrier imprévoyant et viveur, hâbleur, conteur, gaudrioleur et mauvaise tête, allant boire à la barrière et dépenser en deux jours, le dimanche et le lundi, ses économies de toute la semaine ; c’est encore celui qui, sans sortir de Paris, use sa journée et les manches de sa chemise à rouler de cabaret en cabaret, se frottant à tous les murs et se brûlant l’estomac avec les compositions lithargineuses du marchand de vin. Hors de là, les Parisiens ne voient plus de goguettiers, mais déjà des goipeurs, déjà des vauriens, déjà des gens à tout faire, et devant lesquels il est prudent d’allonger le pas entre minuit et cinq heures du matin.

Les Parisiens ne connaissent pas les goguettiers.

Le goguettier est Parisien comme eux, né à Paris, élevé à Paris, joyeux et narquois comme tous les enfants du peuple de Paris, et brave comme un coq. Il est chansonnier, il aime la musique, les refrains bruyants, et c’est pour cela qu’il est goguettier. C’est d’ailleurs un ouvrier laborieux et honnête ; demandez à son patron, à son