Page:Les Fouteries chantantes, 1791.djvu/67

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 41 )


Tout flattait notre amour, tout servait nos desirs ;

La crainte seulement dérangeait nos plaisirs.
Un jour que sur son lit mon aimable déesse
Recevait le tribut de ma vive tendresse,

Dieux ! nous allions toucher au suprême bonheur ;

Un retour imprévu nous glaça de frayeur :
Le chien nous avertit qu’on ouvrait sur la rue.
Finis, mon dieu, finis, dit ma belle éperdue :

Le chien s’appaise ; ô ciel ! on vient, c’est mon Epoux.

Je m’élance du lit, je me jette dessous ;
Ma Déesse à l’instant se détrousse et s’arrange,
Vole vers son mari pour lui donner le change.

D’où viens-tu, mon cher cœur, qu’as-tu fait aujourd’hui ?

Je suis toujours ici seule à mourir d’ennui.
Le benêt cajolé par sa trompeuse idole,

La presse sur son sein, l’embrasse et la console,

Tandis que sous le lit, où je me suis caché,
Le corps tout accroupi, mon habit tout taché,
Je maudis mille fois la femme et l’adultère,
Et voue à mon patron le plus beau luminaire,

D 3