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Cependant le grand art d’une putain qui veut se faire un nom, n’est pas toujours de mettre à contribution les hommes qu’elle raccroche. Il en est qui sont susceptibles de cette délicatesse ; et touchés du désintéressement qu’une putain leur témoigne, ils s’imaginent alors que cette Laïs de rencontre est tout à coup éprise et coiffée de leur physique, bien plus que du numéraire ; leur amour-propre est flatté de cette préférence. Le plaisir, qui ne leur paraît pas acheté, se fait mieux sentir ; son aiguillon est plus mordant, et quelquefois la putain gagne beaucoup à ce manège, au surplus, c’est à elle à discerner et à connaître ses pratiques. Une putain bête ne fera jamais fortune ; la rusée peut essayer d’être dupe une ou deux fois, pour reprendre vingt fois sa revanche avec d’autres.

Il est constant aussi qu’un vieillard cacochyme n’a pas le droit d’exiger qu’une jeune et fraîche putain se harcelle après son chétif engin pour un modique salaire : Hercule et Psyché peuvent quelquefois entrer chez elle pour y faire un coup fourré ; mais