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Le Conflit anglo-soviétique de 1921



Le 7 septembre 1921, six mois après la signature du traité de commerce anglo-soviétique, une note extrêmement roide fut adressée à Moscou par le chef du Foreign Office, le très conservateur lord Cuzon.

Celui-ci s’y plaignait de toute une série d’infractions à l’esprit et à la lettre du traité et prétendait en rendre responsable le gouvernement soviétique. Les infractions consistaient en des actes et des paroles attribués par le noble lord à quelques-uns des hommes les plus représentatifs l’Etat soviétique ainsi qu’à un certain nombre de ses agents dans le Proche-Orient. La Russie était menacée de rupture, au cas où elle ne mettrait pas délibérément un terme à une propagande et à une activité n’ayant pour but que de porter préjudice A In puissance ou à l’influence britannique en Asie.

Dans sa réponse, aussi ferme que digne, Litvinov, parlant au nom du Commissariat du peuple peur les Affaires étrangères n’eut pas de peine à remettre les choses in point et à démontrer au chef du Foreign Office que les accusations qu’il avait formulées ou bien étaient dénuées de tout fondement, ou bien n’étaient fondées que sur une information inexacte ou même sur des faux avérés.

Nous publions ci-dessous la note de lord Curzon et la réponse de Litvinov.

L’incident entre les deux gouvernements n’eut pas, en le sait, de suites graves, mais ce ne fut pas la faute des faussaires qui n’avaient rien négligé, reconnaissons-le, pour amener une rupture dont les ennemis de la Russie soviétique attendaient merveilles.

La note de lord Curzon.

D’après les stipulations contenues dans le préambule du traité de commerce passé le 16 mars entre le gouvernement de Sa Majesté et le gouvernement de la Russie soviétique, les deux parties ont pris rengagement réciproque « de s’abstenu de toute action ou dessein agressif à l’égard de l’autre partie et de toute propagande officielle, directe ou indirecte, contre les institutions de l’autre partie ; en outre, le gouvernement de la République des Soviets s’est interdit expressément toute action militaire et diplomatique, ainsi que toute propagande, quelle qu’elle soit, de nature à encourager les peuples d’Asie à une entreprise quelconque, hostile aux intérêts britanniques ou à l’Empire britannique, surtout aux Indes et dans l’Etat indépendant d’Afghanistan.

Dans une lettre remise par Sir Robert Horne à M, Krassine lors de la signature du traité, l'attention du gouvernement soviétique fut attirée sur certaines manifestations de son activité agressive dont la cessation fut demandé par le gouvernement de Sa Majesté comme condition essentielle de la reprise des relations commerciales.

En réponse à cette lettre, M. Tchitchérine, dans note du 29 avril, déclarait que le gouvernement soviétique considérait la signature du traité comme devant modifier radicalement ses rapports avec la Grande-Bretagne et que, d’accord avec l’esprit du traité, il éviterait dorénavant tout ce qui pourrait être interprété comme un acte d’hostilité, comme une propagande ou comme une assistance à la propagande contre les intérêts britanniques. M. Tchitchérine ajoutait en outre, que tous les agents soviétiques en Afghanistan avaient