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AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR


La brochure dont nous donnons ici une édition française a été publiée dernièrement en U.R.S.S., où elle a produit naturellement une vive impression. Elle n’en produira pus ici une moins vive. Elle arrive comme à point nommé, au moment où l’arrestation inopinée d’une bande de fascistes hongrois qui cherchaient, par la fabrication de faux billets de banque, à renouveler contre le crédit de la France les exploits de Pitt et de Cobourg, scandalise l’opinion publique. En bonne logique, les faits que dénonce cette brochure ne devraient pas causer un scandale beaucoup moindre. Ce qui s’y trouve démontré, à l’aide d’une documentation irréfragable, c’est que le faux et l’usage de faux constituent l’arme familière des contre-révolutionnaires réduits par la défaite à l’impuissance politique.

Dès le début de la révolution d’octobre, les faussaires, un peu partout, se mirent à l’œuvre. Dans le nombre, il en est qui peuvent se targuer d’avoir obtenu des succès momentanés auprès des Gouvernements de l’Entente. Qu’on se souvienne, par exemple, de l’énorme liasse de « documents » publiés en septembre 1918 par les grands journaux capitalistes des Etats-Unis sous des manchettes sensationnelles : « Lénine et Trotsky à la moitié des Huns » , « la Révolution bolchévique préparée à Berlin » , « la Trahison russe achetée 25 millions de livres sterling par le Kaiser » , etc., etc… Les « documents américains » furent reproduits par la presse du monde entier. Il en fut fait partout contre la Révolution d’octobre une exploitation éhontée ; ils ne contribuèrent pas peu a justifier la politique du cordon sanitaire et du fil de fer barbelé imaginée par le sinistre Clémenceau. Pourtant les « documents américains » sentaient le faux à plein nez. Dès l’abord, ils avaient paru « suspects » à des organes aussi sérieux, aussi, soucieux de vérité que la Nation et la New-Republic. Bientôt, l’odieuse machination se fit jour, l’évidence éclata. La grande preste américaine, dans sa haine de la Révolution, avait servi de dupe à une bande d’aigrefins et d’intrigants. On apprit, en effet, que les documents en question avaient été fabriqués de toutes pièces par des contre-révolutionnaires russes, et proposés par eux au colonel Robins, chef de la Croix-Rouge américaine en Russie, qui en avait reconnu aussitôt la fausseté manifeste. Des mains de Robins, les documents étaient tombés dans celles d’un journaliste à tout faire de la presse Hearst. Edgard Sisson, qui s’était hâté, lui, de les câbler à Washington. Il n’est plus une personne aujourd’hui, fût-elle aussi malintentionnée que possible envers les bolckéviks, pour oser prétendre, sur et foi des « documents américains », que Lénine et Trotsky aient été à aucun moment les agents stipendiés de l’Allemagne.

Les faux dont il sera question dans cette brochure et dont un assez grand nombre ont été, pour plus d’évidence, reproduits en fac-similé, montrent que la reconnaissance de l’U.R.S.S. par la majorité des Etats capitalistes n’a nullement réduit au chômage l’industrie du faux document. Les faussaires se sont seulement efforcés d’adapter leur « production » aux circonstances nouvelles. Ils s’assignent désormais pour tâche d’établir que le Gouvernement soviétique et l’Exécutif de l’Internationale Communiste ne font qu’un et que, par l’inter-