fut raillée & ſi nous nous refuſâmes à cette matiere de divertiſſement. Nôtre joye cepandant fut de courte durée parce que la Belle ſe gendarma tout de bon contre tout le monde, ce qui fit que nous nous r’habillâmes ſans prendre le bain autant qu’il étoit neceſſaire pour en profiter.
Cette avanture ſembla ſinguliere à nos deux Sœurs & ſur tout à Placidie, dont le temperament s’accommodoit fort à ces ſortes de recits, qui me prioit inſtamment de vouloir encore plaiſanter ſur la même matiere. Comme je m’apperçus qu’elles goutoient fort ma liberté, je crus que je ne devois rien farder & que ce qui m’arriva un jour en joüant avec les jeunes filles d’une Comteſſe ne leur déplairoit ſans-doute pas. C’eſt ce qui fit que je continuai ainſi.
J’étois déja Moine, quoique je n’euſſe pas encore dix-huit ans & je quittois Paris pour aller aux environs de Perrone quand étant ſurpris à quatorze lieuës de la neige, je me vis ne-