voir accompagné du premier Medecin du Roy. La petite fille eſt conduite en ſa preſence. L’Abbeſſe ſuivie des plus conſiderables de la Communauté ſe rendent au Parloir où le Duc apres quelques douceurs dites à ſa fille, s’informa d’elle, de ce qu’elle avoit mangé ce jour-là. A cette demande, mot ; l’Enfant garda un ſilence obſtiné. Manon diſcouroit volontiers de toute autre choſe, mais elle n’eut pas voulu pour quoique ce ſoit au monde repondre ſur la queſtion du manger. Le Duc s’impatiente, conjure l’Abeſſe de l’obliger à le ſatisfaire. On flatte l’enfant, on le ſollicite par des promeſſes, on uſe de menaces, mais inutilement, on ne luy tire que des larmes. La Maîtreſſe des Panſionnaires que l’on préſumoit avoir le plus d’autorité ſur ſon eſprit, fut appellée. Elle la preſſe en ſa maniere, & tira enfin de l’Enfant pour reponſe : Qu’elle avoit mangé les Parties honteuſes d’un hareng. En effet elle en avoit mangé la queuë, ajoûta Angelique, ainſi que
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