cuper d’eux autant que de nous-mêmes, nous l’accusons à notre sujet. Et cependant, par Jupiter et par tous les dieux, ce serait assez d’une seule créature pour révéler la Providence à un homme honnête et reconnaissant. Je n’ai que faire pour cela des grandes choses : il m’y suffit du lait qui provient de l’herbe, du fromage qui provient du lait, de la toison qui provient de la peau. Quel est celui qui a fait, qui a conçu tout cela ? — Personne, dis-tu. — Quelle imprudence et quelle absurdité !
Eh bien ! laissons les œuvres utiles de la nature, et contemplons ses hors-d’œuvre (apparents). Qu’y a-t-il de plus inutile que les poils qui naissent au menton ? Mais quoi ! la nature ne les a-t-elle pas fait servir eux aussi à l’usage le plus convenable possible ? N’a-t-elle point par eux distingué l’homme de la femme ? Par eux la nature de chacun de nous ne crie-t-elle pas de bien loin, « Je suis un homme ; c’est de telle façon qu’il faut m’aborder, de telle façon qu’il faut me parler ? Ne cherche pas ailleurs : voici mes signes. » Et d’autre part, en même temps qu’elle donnait aux femmes quelque chose de plus doux dans la voix, elle les a privées de ces poils. Il n’aurait pas fallu que cela fût peut-être ! Il aurait fallu que les sexes fussent laissés sans signe distinctif, et que chacun de nous eût à crier : « Je suis un homme ! » Et ce signe n’est-il pas beau ? Ne nous sied-il pas ? N’est-il pas imposant ? Combien il est plus beau que l’aigrette du coq ! D’un plus grand aspect que la crinière du lion ! Nous devions donc conserver ces signes donnés par Dieu ; nous devions ne pas y renoncer, et ne pas confondre, au tant qu’il est en nous, les sexes qu’il a distingués.