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CHAPITRE XVI




De la Providence.

Ne vous étonnez pas que les autres êtres animés trouvent tout prêt ce qui est nécessaire à leur corps, non-seulement les aliments et les boissons, mais encore le coucher ; ne vous étonnez pas qu’ils n’aient besoin ni de chaussures, ni de couvertures, ni de vêtements, tandis que nous nous avons besoin de tout cela. Ces êtres ne sont pas nés pour eux-mêmes, mais pour servir ; il n’était pas bon dès-lors de les créer ayant besoin de quelque chose. Car vois un peu ce qui arriverait, si nous avions à nous occuper non-seulement de nous-mêmes, mais encore de nos brebis et de nos ânes, pour leurs vêtements, pour leur chaussure, pour leurs aliments et pour leur boisson. Les soldats sont mis à la disposition du général, chaussés, habillés et armés (que d’embarras pour le chiliarque, s’il lui fallait courir de tous les côtés pour chausser et pour habiller ses mille hommes !) ; il en est de même des êtres nés pour notre service : la nature les a créés tout équipés, pourvus de tout, et n’ayant besoin d’aucun soin, c’est ce qui fait qu’un petit enfant conduit les brebis avec un simple bâton. Mais nous maintenant, au lieu de remercier Dieu au sujet de ces animaux, parce que nous n’avons pas à nous oc-