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peuvent-ils avoir raison de penser tout ce qu’ils pensent sur la manière de se nourrir ? — Et comment cela se pourrait-il ? — Il est au contraire de toute nécessité, je le crois, que, si les opinions des Égyptiens sont justes, celles des autres ne le soient pas ; que si celles des Juifs sont bonnes, celles des autres soient mauvaises. — Eh ! comment non ? — Mais où se trouve l’ignorance, là se trouve aussi le manque de savoir et l’impéritie au sujet des choses les plus nécessaires ? L’autre l’accordait. Eh bien ! dit Épictète, puisque tu sais cela, tu ne donneras désormais tes soins et ton attention qu’à une seule chose, aux moyens de découvrir ce critérium, et de t’en servir pour prononcer dans chaque cas particulier.

Dans le sujet présent, voici ce que j’ai fait pour t’aider à ce que tu veux. Aimer ses enfants te paraît-il une chose bonne et conforme à la nature ? — Comment non ? — Mais quoi ! tandis qu’aimer ses enfants est bon et conforme à la nature, ce que veut la raison ne serait-il pas bon ? — Cela ne se peut. — Aimer ses enfants est-il donc en contradiction avec ce que veut la raison ? — Il me semble que non. — Autrement, l’un de ces contradictoires étant conforme à la nature, il faudrait nécessairement que l’autre lui fût contraire. N’est-ce pas vrai ? — Oui, dit l’autre. — Là donc où nous trouverons tout à la fois affection pour les enfants et conformité à la raison, dirons-nous hardiment que l’honnête et le bien s’y trouvent ? — Oui. — Eh bien ! Laisser là un enfant malade, et s’en aller après l’avoir laissé là, ce n’est pas ce que veut la raison. Tu ne le nieras pas, je crois. Il nous reste