Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31

pour lui représenter ce qu’il quitte, et οù il va à la dérive ?

— Mais quoi ! Platon n’était-il pas philosophe ? — Eh bien ! Hippocrate n’était-il pas médecin ? Et tu vois comment sait parler Hippocrate. Or, est-ce en tant que médecin qu’Hippocrate parle ainsi ? Pourquoi donc confonds-tu des choses qui se trouvent dans le même homme à des titres différents ? Si Platon avait été beau ou fort, me faudrait-il rester là à me fatiguer pour devenir beau ou fort, moi aussi, comme si cela était nécessaire pour être philosophe, parce qu’un philosophe aurait été à la fois beau et philosophe ? Ne veux-tu donc pas voir et distinguer ce que les gens sont en tant que philosophes, et ce qui est chez eux à d’autres titres ? Si, par exemple, moi j’étais philosophe, faudrait-il donc que vous, vous devinssiez boiteux comme moi ? Mais quoi ! est-ce que je prétends supprimer ces talents ? à Dieu ne plaise ! pas plus que la faculté de voir. Mais cependant si tu me demandes quel est le bien de l’homme, je ne puis te répondre que ceci : une certaine façon d’user des idées[1].


  1. Pour expliquer ce chapitre assez embrouillé, il faut admettre, ce me semble, que c’est l’adversaire d’Épictète qui parle le premier. Ce serait alors Épictète qui répondrait et à cet exposé d’idées et à la courte réplique ; et le chapitre serait alors destiné à restreindre l’importance de la logique, tout en la laissant subsister.