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et de leurs modes, et c’est ce qui nous en a montré la nécessité.

Mais il arrive que de prémisses légitimement accordées, et qui doivent avoir leurs conséquences, la conclusion est fausse, sans en être moins rigoureuse ! Que me convient-il de faire dans ce cas ? Dois-je accepter le faux ? Et comment le pourrais-je ? Me faut-il dire : « J’ai eu tort d’accorder les prémisses ? » Mais cela non plus ne m’est pas possible. Dois-je dire que la conclusion ne découle pas des propositions que j’ai accordées ? Mais cela ne se peut non plus. Que me faut-il donc faire ici ? Pour être débiteur, il ne suffit pas d’avoir emprunté : il faut encore avoir conservé sa dette sans la payer ; eh bien, de même ici, pour être obligé d’accorder la conclusion, ne serait-ce pas trop peu que d’avoir concédé les prémisses, et ne faudrait-il pas encore persister à les concéder ? Si elles restent jusqu’à la fin telles que je les ai accordées, il est nécessaire que je persiste aussi à les accorder, et que j’accepte leurs conséquences ; mais, si elles ne restent pas telles que je les ai accordées, il est de toute nécessité que de mon côté je renonce à les accorder, et à accepter ce qui résulte de leurs termes. Car la conclusion que l’on tire n’est plus à moi, ni conforme à mon raisonnement, dès que j’ai cessé d’accorder les prémisses. C’est donc une chose dont il faut bien s’assurer à leur sujet : voyez si dans l’interrogation, dans la réponse, dans le corps du syllogisme, quelque part enfin, elles n’ont pas subi telle altération, tel changement de sens qui, en les transformant, en fasse un sujet d’embarras pour les gens superficiels, quand ils ne