de chacun, nous nous écartons de la fin de notre être. En effet, lorsque la constitution des êtres est différente, différentes sont leurs œuvres, et différente leur fin. Aussi à celui dont la nature n’est que d’user des choses, il suffit d’en user d’une façon quelconque ; mais celui dont la nature est en plus de comprendre leur usage, celui-là, s’il n’en use encore d’une façon déterminée, s’écartera toujours de sa fin. Qu’y a-t-il, en effet ? Dieu qui est l’auteur de chaque animal, fait l’un pour être mangé, l’autre pour servir au labourage, l’autre pour fournir du fromage, un autre pour tel autre usage analogue, et pour tout cela quel besoin ont-ils de pouvoir comprendre et juger les idées des sens ? Mais il a mis l’homme dans le monde pour l’y contempler ainsi que ses œuvres, et non-seulement pour les contempler, mais-encore pour les expliquer. Aussi est-il honteux pour l’homme de commencer et de s’arrêter où commence et où s’arrête la brute, ou plutôt il doit commencer au même point, mais ne s’arrêter qu’où s’arrête notre nature elle-même : or elle s’arrête à la contemplation, à l’intelligence, à l’accord de notre conduite avec la nature générale. Avisez donc à ne pas mourir sans avoir vu tout cela.
Vous courez à Olympie pour voir l’œuvre de Phidias, et chacun de vous regarderait comme un malheur de mourir sans la connaître : et ce pour quoi vous n’avez pas besoin de courir, ce pour quoi vous êtes tout portés et sur les lieux mêmes, vous n’aurez pas l’envie de le regarder et de chercher à le comprendre ? Ne sentirez-vous donc jamais qui vous êtes, à quelle fin vous êtes nés, et