ou de renoncer à des contradictions. Or, pour la plupart, nous avons grand peur de la mort du corps, et nous faisons tout pour ne pas y arriver ; mais la mort de l’âme, nous nous en inquiétons peu. Nous trouvons bien, pour ce qui est de cette âme, par Jupiter, que celui qui est dans un état d’esprit à ne suivre aucun raisonnement et à ne rien comprendre, est dans une fâcheuse situation ; mais, quand la conscience et le sens moral sont morts chez quelqu’un, nous appelons encore cela de la puissance d’esprit.
« N’es-tu pas certain que tu es éveillé ? — Non, répond l’académicien ; car je me trompe, quand dans mon sommeil je rêve que je suis éveillé. — N’y a-t-il donc aucune différence entre cette apparence-ci et celle-là ? — Aucune. » Est-ce que je discuterai plus longtemps avec un pareil homme ? Quel feu, quel fer employer contre lui, pour qu’il se sente bien mort ? Il le sent, mais il feint de ne pas le sentir. Il est dans un état encore pire que s’il était mort. Un tel n’aperçoit pas les contradictions ; sa situation est fâcheuse. Cet autre les voit, mais ne s’en émeut point, et n’en profite pas ; il est bien plus à plaindre encore. Le sens moral et la conscience ont été supprimés en lui ; quant au raisonnement, il n’y a pas été supprimé, mais il y est devenu non maniable. Est-ce donc là ce que j’appellerai de la puissance d’esprit ? à Dieu ne plaise ! Ou je vanterai aussi la puissance d’esprit des prostitués, quand ils font ou disent devant tout le monde tout ce qui leur vient à l’idée.