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supérieur à Socrate, mais qu’il ne lui soit pas inférieur, et cela me suffit. Je ne deviendrai pas non plus un Milon, et cependant je ne néglige pas mon corps ; un Crésus non plus, et cependant je ne néglige pas ma fortune. Il n’y a aucune autre chose en un mot, dont nous nous refusions à prendre soin, parce que nous y désespérons du premier rang. »


CHAPITRE III




Quelles conclusions peut-on tirer de ce que Dieu est le père des hommes ?

Si on pouvait partager, autant qu’on le doit, cette croyance, que nous sommes tous enfants de Dieu au premier chef, que Dieu est le père des hommes et des divinités, jamais, je pense, on n’aurait de soi des idées qui nous amoindrissent, ou nous rapetissent. Quoi, si César t’adoptait, personne ne pourrait supporter ton orgueil ; et quand tu sais que tu es fils de Dieu, tu ne t’en enorgueilliras pas ! Nous ne le faisons guère aujourd’hui ! Bien loin de là : comme à notre naissance deux choses ont été unies en nous, le corps qui nous est commun avec les animaux, la raison et le jugement qui nous sont communs avec les dieux, une partie d’entre nous se