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chaque situation. Demandons-nous quand il est à propos de chanter, à propos de jouer, et devant quelles personnes; qu’est-ce qui est hors de saison; qu’est-ce qui nous ferait mépriser des assistants ou prouverait de notre part du mépris pour eux; quand faut-il plaisanter; qui faut-il railler; en quoi et pour qui faut-il avoir de la condescendance; puis dans cette condescendance comment faut-il faire pour sauver notre dignité? Quand tu te seras écarté des convenances sur un de ces points, le châtiment te viendra tout de suite, non pas du dehors, mais de ton acte même.

Quoi donc! peut-on être infaillible? Non pas; mais il est une chose que l’on peut, c’est de s’efforcer constamment de ne pas faire de faute. Et il faut nous trouver heureux, si, en ne nous relâchant jamais de cette attention sur nous-mêmes, nous échappons à un certain nombre de fautes. Mais dire maintenant: « Je ferai attention demain, » sache que c’est dire: « Aujourd’hui je serai sans retenue, sans convenance, sans dignité; il sera au pouvoir des autres de me faire de la peine; je vais être aujourd’hui colère et envieux. » Vois que de maux tu attires-là sur toi! Si l’attention doit t’être bonne demain, combien plus le sera-t-elle aujourd’hui! Si demain elle doit t’être utile, elle le sera bien plus aujourd’hui. Veille sur toi aujourd’hui pour en être capable demain, et ne pas le remettre encore au surlendemain.