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tomber dans ce qu’il veut éviter; je commencerais par l’embrasser, parce qu’il aurait laissé de côté tout ce qui tourne la tête aux autres et tout ce qui les effraie, pour ne s’occuper que de ses actes personnels, dans lesquels il est vraiment lui; puis je lui dirais: « Si tu veux ne jamais échouer dans tes désirs, ne jamais tomber dans ce que tu cherches à éviter, ne désire plus rien de ce qui n’est pas à toi, ne cherche plus à éviter ce qui n’est pas en ton pouvoir. Sinon, force te sera d’échouer dans tes désirs et de tomber dans ce que tu veux éviter. » Cela fait, quel embarras y a-t-il pour nous? Quelle place trouver encore pour les « Qu’arrivera-t-il? Qu’en résultera-t-il? Ah! que ceci ou cela ne se rencontrent pas? »

Maintenant, ce qui doit arriver n’est-il pas en dehors de ton libre arbitre? — Oui. — Mais le bien et le mal réels ne sont-ils pas dans ce qui dépend de ton libre arbitre? — Oui. — En plus, n’est-il pas en ton pouvoir de tirer de tout ce qui t’arrive un parti conforme à la nature? Quelqu’un peut-il t’en empêcher? — Non. — Ne me dis donc plus: « Qu’aririvera-t-il? » Car, quelque chose qui arrive, tu en feras un bien, et l’événement sera une bonne fortune pour toi. Qu’aurait été Hercule, s’il avait dit: « Ah! qu’il ne se présente pas à moi un grand lion, un grand sanglier, ou des hommes qui ressemblent à des bêtes sauvages! » Que t’importe, en effet? s’il se présente à toi un grand sanglier, tu en livreras un plus grand combat; s’il se présente à toi des méchants, tu purgeras la terre de méchants. — Mais si je meurs à la peine! — Tu mourras en homme de cœur, dans l’accomplissement