le voilà qui ’s'éprend d’une femme de rien; et alors il souffre, il pleure, et il regrette son temps d’esclavage. « Quel mal y avais-je? dit-il. C’était un autre qui m’habillait, qui me chaussait, qui me nourrissait, qui me soignait quand j’étais malade; et mon service chez lui était bien peu de chose. Mais aujourd’hui, hélas, que de misères! Que de maîtres j’ai au lieu d’un seul! » Et il ajoute: « Si pourtant j’obtenais les anneaux, quelle vie facile et heureuse j’aurais alors! » Et, pour les obtenir, il commence par endurer mille choses dont il est digne; puis, quand il les a obtenus, il en endure encore de pareilles. Puis il se dit: « Si je faisais campagne, je couperais court à toutes mes misères. » Il fait campagne; il souffre comme un vaurien; et il n’en demande pas moins une seconde et une troisième fois à faire campagne. Puis, quand il a mis le comble à son élévation, quand il est de venu sénateur, qu’est-il alors? Un esclave qui se rend aux séances. Ses chaînes sont plus belles; elles sont les plus brillantes de toutes; mais ce sont des chaînes.
Qu’il cesse de n’être qu’un sot. Qu’il apprenne, comme le disait Socrate, la nature vraie de chaque chose; et qu’il n’applique pas sans réflexion ses notions premières aux objets particuliers. Là, en effet, est la cause de tous les malheurs des hommes: ils ne savent pas appliquer leurs notions premières et générales aux faits particuliers. Nous croyons les uns à une cause de nos maux, les autres à une autre. L’un se dit: « C’est que je suis malade! » — Pas du tout; c’est qu’il applique mal ses notions premières. Un autre: « C’est que