Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/373

Cette page n’a pas encore été corrigée

effrayez, et c’est sans raison que vous désirez ce que vous désirez. Ne cherchez pas le bien au dehors, cherchez-le en vous-mêmes; autrement, vous ne le trouverez pas. C’est pour cela qu’aujourd’hui il me conduit ici, que demain il m’envoie là, qu’il me montre aux autres hommes, pauvre, sans pouvoir et malade; qu’il m’envoie à Gyaros; qu’il me conduit en prison. Il ne me hait pas (loin de nous cette pensée!); car qui peut haïr le meilleur de ses serviteurs? Il ne me néglige pas, lui qui ne néglige pas le plus humble des êtres. Il m’exerce; il se sert de moi comme d’une preuve vivante pour les autres hommes. Et, quand il m’a assigné un pareil service, je m’occuperais encore de l’endroit où je suis, des gens avec qui je suis, et de ce qu’ils disent de moi! Je ne me donnerais pas tout entier à Dieu, à ses commandements, à ses ordres! »

Si tu as constamment ces maximes entre les mains, si tu les médites constamment, et fais qu’elles se présentent d’elles-mêmes à ta pensée, tu n’auras jamais besoin de personne pour t’encourager et te fortifier. Ce qui est honteux, ce n’est point de ne pas avoir de quoi manger, mais de ne pas avoir assez de raison pour écarter de soi la crainte et les chagrins. Or, une fois que tu te seras mis au-dessus du chagrin et de la crainte, y aura-t-il encore pour toi des tyrans, des gardes, des Césariens? Souffriras-tu encore de la nomination des autres, et de ce qu’ils offrent des sacrifices au Capitule en remercîment de leurs charges, toi qui as reçu de Jupiter une telle magistrature? Seulement ne te donne pas de grands airs à cause d’elle, et ne fais