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que je vive? A Rome? A Athènes? A Thèbes? A Gyaros? Veuille seulement ne pas m’y oublier. Si tu m’envoies où je ne pourrai vivre conformément à la nature humaine, je m’en irai; mais ce sera sans te désobéir, car tu m’auras sonné la retraite. Ce ne sera pas là te faire défaut (puisse une tel chose ne m’arriver jamais!), ce sera comprendre que tu n’as plus besoin de moi. Mais, tant qu’il me sera possible de vivre conformément à la nature, je ne chercherai pas d’autre lieu que celui où je serai, pas d’autres hommes que ceux avec qui je serai. »

Voilà ce qu’il te faut avoir présent à la pensée, et le jour et la nuit. Voilà ce qu’il te faut écrire, ce qu’il te faut lire, ce dont il te faut parler, et à toi-même et aux autres. Dis-leur: « Peux-tu m’aider à cela? » Puis (au besoin), vas en trouver un autre, et un autre encore. Après cela, s’il t’arrive quel qu’une de ces choses dont nous disons qu’elles sont en dehors de notre volonté, t’y être attendu sera tout d’abord pour toi un grand soulagement. Car c’est beaucoup que de pouvoir se dire à propos de tous ceux que l’on perd: « Je savais que je l’avais engendré mortel. » Tu te diras de même encore: « Je savais que j’étais né pour mourir, que j’étais né pour voyager, pour être exilé, pour être jeté en prison. Puis, si tu rentres en toi-même, si tu cherches à quelle classe appartient ce qui t’arrive, tu te rap pelleras bien vite que c’est à la classe des choses qui ne dépendentpas de ton libre arbitre, qui ne sont pas tiennes. « En quoi cela m’intéresse-t-ill » (diras-tu alors.) Puis viendra la réflexion capitale: « Qu’est-ce qui te l’a envoyé? C’est ton chef, c’est ton gêné