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avoir pas mis tous mes soins! » — As-tu donc oublié de nouveau pourquoi tu y allais? Ne sais-tu pas que le Sage n’agit jamais en vue de paraître, mais en vue de bien faire? — « Ehl que lui sert d’avoir bien fait? » — Quand on écrit le nom de Dion, à quoi sert-il de l’écrire comme il doit l’être? « — A l’écrire. » — N’est-ce pas là une récompense? Et veux-tu pour l’homme de bien une récompense plus grande que d’agir suivant l’honnêteté et la justice? A Olympie tu ne veux qu’une seule chose, être couronné aux jeux olympiques, et cela te semble suffisant. Eh bien! te semblera-t-il donc de si petite et de si mince valeur, d’être un Sage et un homme heureux? Quand c’est pour cela que Dieu t’a introduit dans la cité, quand tu dois dès maintenant y faire œuvre d’homme, vas-tu demander encore le sein de ta nourrice? Vas-tu te laisser détourner et amollir par les lamentations de femmelettes imbéciles? Ne cesseras-tu donc jamais d’être un petit enfant? Ne sais-tu pas qu’en agissant comme un enfant, on est d’autant plus ridicule qu’on est plus âgé?

A Athènes, ne voyais-tu personne? N’allais-tu chez personne? — « Je voyais qui je voulais. » — Ici aussi veuille voir les gens, et tu verras qui tu voudras; fais-le seulement sans t’abaisser, sans désir comme sans peur, et de ton côté tout sera bien. Mais ce bien ne tient pas à tes sorties, ni à tes stations devant la porte des gens; il tient à ton âme, à tes principes. Si tu n’attaches pas de prix à ce qui est en dehors de toi et de ton libre arbitre, si tu ne regardes comme tien rien de tout cela, mais ceci seulement, les opinions et les conceptions vraies,