Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/361

Cette page n’a pas encore été corrigée

tienne? Que veulent les Epicuriens et les débauchés, si ce n’est de dormir à leur gré et sans gêne, de bâiller tout à loisir quand ils sont levés, de se laver le visage, de lire ou d’écrire ensuite à leur fantaisie, de débiter des sornettes avec approbation de leurs amis, quoi qu’ils aient pu dire, de sortir pour se promener, de prendre un bain après une courte promenade, puis de manger, puis de se mettre au lit, pour passer la nuit comme il est naturel à de pareils individus de la passer? A quoi bon dire comment? Ne peut-on pas le deviner? Eh bien! dis-moi quel est le genre de vie que tu désires à ton tour, toi le sectateur de la vérité, de Socrate et de Diogène. Qu’est-ce que tu veux faire à Athènes? Ces mêmes choses, et pas d’autres? Pourquoi donc alors te dis-tu Stoïcien? Quoi! ceux qui se targuent à faux du titre de citoyen romain sont punis sévèrement; et ceux qui se targuent à faux d’un caractère et d’un nom si respectables, si augustes, devraient être renvoyés impunis? N’est-il pas vrai que cela ne se peut? N’est-il pas vrai qu’il y a une loi divine, une loi toute puissante, à laquelle nul ne peut se soustraire, qui inflige les plus grands châtiments à ceux qui ont fait les plus grandes fautes? Et que dit cette loi? Que celui qui se sera attribué les qualités qu’il n’a pas, soit un vantard et un vaniteux. Que celui qui s’oppose à l’ordre de choses établi par Dieu, soit vil et esclave: à lui le chagrin, à lui l’envie, à lui la sensiblerie; pour tout dire en un mot, à lui le malheur et les larmes.

— « Quel est ton avis? Veux-tu que je fasse la cour à un tel, et que je me présente à sa porte? » —