profit que d’être débarrassé d’une débauchée. — « Nous laisserons - nous donc mépriser par les Troyens? — Que sont-ils? Des hommes sensés ou non? S’ils sont sensés, pourquoi leur faites-vous la guerre? S’ils ne le sont pas, que vous importe leur mépris? »
Où donc est le bien, puisqu’il n’est pas là? Dis-nous-le, toi, maître envoyé et maître espion. — « Il est où vous ne croyez pas qu’il soit, et où vous ne voulez pas le chercher. Car, si vous vouliez, vous le trouveriez en vous, sans errer au dehors, à chercher comme vous appartenant des choses qui ne «ont pas à vous. Rentrez en vous-mêmes; étudiez-y vos notions à priori. Que vous représentez-vous comme le bien? La tranquillité, la félicité, la liberté. Eh bien! ne vous le représentez-vous pas aussi comme une grande chose par sa nature, comme une chose d’un prix très-élevé, et qui est au-dessus de toute atteinte? Cela dit, où vous faut-il chercher la tranquillité et la liberté? Dans ce qui est assujetti, ou dans ce qui est indépendant? » — Dans ce qui est indépendant. — « Eh bien! votre corps est-il indépendant ou assujetti? » — Nous n’en savons rien. — « Vous ne savez pas qu’il est assujetti à la fièvre, à la goutte, à la cécité, à la dyssenterie, aux tyrans, au feu, au fer, et à tout ce qui est plus fort que lui? » — Oui, il leur est assujetti. — « Comment donc alors une partie quelconque du corps pourrait-elle être libre? Comment pourrait être d’importance et de prix ce qui n’est de sa nature qu’un cadavre, de la terre, de la boue? Mais quoi! n’avez-vous rien en vous qui soit indépendant? » —