Page:Les Entretiens d’Épictète recueillis par Arrien.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée

conviennent à sa divinité. Il faut que nous aussi, à son exemple, nous puissions converser avec nous-mêmes; nous passer des autres; n’avoir besoin d’aucune distraction; réfléchir au gouvernement divin et à nos rapports avec le reste du monde; songer à la conduite que nous avons tenue en face des événements, et à celle que nous tenons aujourd’hui; chercher quelles sont les choses qui nous gênent encore, comment on peut y porter remède, comment on peut les faire disparaître; et, si quelque côté en nous a besoin d’un perfectionnement, le lui donner conformément à la raison.

Voyez quelle large paix César semble nous avoir faite: plus de guerres, plus de combats, plus de grandes troupes de voleurs, plus de pirates. On peut se mettre en route à toute heure; on peut naviguer de l’orient â l’occident. Mais César a-t-il pu nous garantir également de la fièvre? des naufrages? des incendies? des tremblements de terre? de la foudre? Allons plus loin: de l’amour? Il ne le peut. De la douleur? Il ne le peut. De la jalousie? Il ne le peut. Il ne peut rien contre aucune de ces choses. Or, la philosophie s’engage à nous garantir de celles-là aussi. Et que nous dit-elle à cet effet? « O hommes, si vous vous attachez à moi, en quelque lieu que vous soyez, et quelque soit votre sort, il n’y aura pour vous ni douleur, ni colère, ni contrainte, ni entraves; vous serez affranchis de tout, vous serez libres partout. » Celui qui jouit de cette paix, que César n’a pas promulguée (car comment le pourrait-il faire?), mais qu’à promulguée Dieu lui-même avec l’aide de la raison,