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XXIV

la nécessité de la pénitence, qu’est-ce que le spiritualisme chrétien pourrait demander de plus ?



En se plaçant à un point de vue bien différent, un de nos plus brillants critiques soutenait, il y a peu temps, que la vertu stoïcienne se réduisait à la résignation qui accepte tout ; et il proposait de lui substituer comme règle le sentiment moderne de l’honneur.

Il nous semble que, dans cette ardente charité, dans cet apostolat à travers le monde, il y a autre chose que de la résignation. Puis, à ne se placer même qu’au point de vue de la politique (point de vue exclusif de notre critique), est-ce simplement de la résignation que ces exemples d’indépendance donnés par Helvidius et par Socrate, et que nous rapporte Arrien ? Quand Helvidius répond à Vespasien ; « Tu peux me rayer du Sénat ; mais, tant que j’en ferai partie, tu ne peux m’empêcher de m’y rendre et de dire ce que je pense, dûsses-tu me faire périr après ; » quand Socrate, au péril de sa vie, refuse d’arrêter Léon, sur l’ordre que lui en donnent les Dix, n’est-ce donc là que de la résignation ? Est-ce la résignation seule que nous prêche le livre qui nous les donne pour modèles ? Fais ce que dois, advienne que pourra,