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CHAPITRE III




De ce qui sert de matière à l’homme de bien, et du principal but de ses efforts.

La matière sur laquelle le sage travaille, c’est sa partie maîtresse, tandis que son corps est la matière du médecin et du maître de gymnastique, et son champ, celle du cultivateur. Sa tâche est d’user des idées conformément à la nature. Or, toute âme est née, d’une part, pour adhérer à la vérité, repousser l’erreur, et retenir son jugement en face de ce qui est douteux; de l’autre, pour se porter avec amour vers ce qui est bien, écarter de soi ce qui est mal, et ne faire ni l’un ni l’autre pour ce qui n’est ni bien ni mal. Si les banquiers, en effet, non plus que les vendeurs de légumes, ne peuvent pas refuser la monnaie de César; si, dès qu’on la leur montre, il faut, bon gré mal gré, qu’ils livrent ce qu’on leur achète en échange; semblable chose est vraie de l’âme: le bien qui se montre l’attire immédiatement à lui, le mal l’en éloigne. Jamais l’âme ne refusera le bien qui se montrera clairement à elle, pas plus que le banquier la monnaie de César. C’est de là que découlent tous les actes de l’homme et de Dieu.

C’est pour cela que le bien passe avant tous les liens du sang. Ce n’est pas mon père qui m’inté-