L’animal? Non. L’être mortel? Non. L’être pourvu des sens? Non. Ce que tu as de plus excellent en toi, c’est ta raison. Voilà ce qu’il te faut embellir et parer. Quant à ta chevelure, laisse-la au gré de celui qui l’a disposée comme il l’a voulu. Voyons; quels différents noms portes-tu encore? Es-tu un homme ou une femme? — Un homme. — Pare donc un homme en toi et non pas une femme. Celle-ci est née avec une peau lisse et douce: si elle a beaucoup de poils, elle est un phénomène, et on la montre à Rome parmi les phénomènes. Mais chez l’homme ceci arrive précisément quand il n’a pas de poils. Si c’est naturellement qu’il n’en a pas, il est un simple phénomène; mais, s’il se les est ôtés et enlevés lui-même, que ferons-nous de lui? Où le montrerons-nous? Quelle affiche lui composerons-nous? « Je vous ferai voir un homme qui aime mieux être une femme qu’un homme. » O le merveilleux spectacle! Tout le monde s’extasiera devant une pareille affiche. Par Jupiter! je crois que ceux qui s’épilent ne le font que parce qu’ils ne comprennent pas que c’est là ce qu’ils font. O homme, que peux-tu reprocher à la nature pour ton compte? De t’avoir fait homme? Quoi donc! ne devait-elle faire que des femmes? A quoi te servirait alors de te parer? Et pour qui te parerais-tu, si tout le monde était femme? Mais les poils te déplaisent! Eh bien! enlève-toi les tous et complètement. Enlève ce... (Quel nom lui donner?) qui est la cause des poils. Fais-toi femme de tout point, pour que nous ne nous y trompions pas. Ne sois pas moitié homme et moitié femme. A qui veux-tu plaire? A ces dames. Plais-
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