à avouer la plupart de nos fautes, c’est que nous nous imaginons qu’il y a en elles quelque chose d’involontaire, comme dans la timidité et dans la facilité à s’attendrir. Si nous avouons un manque d’empire sur nous-mêmes, nous alléguons l’amour, pour que l’on nous pardonne le fait comme involontaire. Quant à l’injustice, on ne la croit jamais involontaire. Il y a de l’involontaire dans la jalousie, à ce que l’on pense; aussi l’avoue-t-on, elle aussi.
Puisque c’est ainsi que sont faits les gens au milieu desquels nous vivons, esprits troublés, qui ne savent ni ce qu’ils disent, ni ce qu’ils ont ou n’ont pas de mauvais, ni pourquoi ils l’ont, ni comment ils s’en délivreront, je crois qu’il est bon de nous demander sans cesse: « Est-ce que, moi aussi, je suis un d’eux? Quelle idée me fais-je de moi? Comment est-ce que je me conduis? Est-ce comme un homme sensé? Comme un homme maître de lui? Puis-je dire, moi aussi, que je suis préparé à tout événement? Ai-je bien, comme il convient à celui qui ne sait rien, la conscience que je ne sais rien? Vais-je bien vers mon maître, comme vers un oracle, avec la volonté d’être docile? Ou ne vais-je pas à l’école, moi aussi, tout enchifrené de sottise, uniquement pour y apprendre des mots, y comprendre des livres que je ne comprenais pas auparavant, et, au besoin, être en état de les expliquer à d’autres à leur tour? » Au lieu de cela[1], ô homme, tu t’es chez toi battu à coups de poing avec ton esclave, tu as tout bouleversé
- ↑ Ces mots sont ajoutés par le traducteur.