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vice, ou se rattache à quelque vice? » Ne prendrais-tu pas alors un bâton pour l’en frapper? « Homme, lui dirais-tu, qu’avons-nous affaire de toi? Nous périssons, et tu viens plaisanter! » Si César te faisait comparaître devant lui par suite d’une accusation, te rappellerais-tu encore tes distinctions? Si, pendant que tu entrerais pâle et tremblant, quelqu’un t’aborbait et te disait: « Homme, pourquoi trembles-tu? De quoi est-il question pour toi ici? Est-ce que César met la vertu ou le vice au cœur de ceux qui viennent à lui? — Que viens-tu me railler, en plus de mon malheur! lui dirais-tu. — Et cependant, répondrait-il, dis-moi, philosophe, pourquoi tu trembles. Ce dont tu cours risque ici, n’est-ce pas la mort, la prison, la souffrance corporelle, l’exil, ou une flétrissure? Rien autre, n’est-ce pas? Eh bien! est-ce qu’il y a dans ces choses quelque vice, ou quoique que ce soit qui se rattache à un vice? De quel nom les appelais-tu donc hier? » — « Homme, dirais-tu, qu’ai-je affaire de toi? J’ai bien assez de mes maux! » Et tu dirais juste! Tu as bien assez de tes maux, assez de ton manque de cœur, de ta lâcheté, et de ta vanité, qui te faisait si bien te vanter quand tu étais assis dans l’école. Pourquoi te parais-tu de ce qui ne t’appartenait pas? Pourquoi te disais-tu Stoïcien?

Observez-vous vous-mêmes d’après cela quand vous agissez, et vous trouverez à quelle Ecole vous appartenez. Vous trouverez que la plupart d’entre vous sont Epicuriens, quelques uns Péripatéticiens, mais bien relâchés ceux-là. Où est-ce, en effet, que dans la pratique vous tenez la vertu pour égale et