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Il n’y a donc aucune raison pour ne pas lui faire honneur, ainsi qu’à son École, des préceptes de charité qui se trouvent dans son livre. Alors même (ce qui est loin d’être) que l’on n’en rencontrerait aucune trace avant lui dans la philosophie ancienne, il n’aurait eu qu’à être conséquent pour y arriver. Est-ce donc là une chose si rare dans l’humanité ? Et quel est le principe qui, un jour ou l’autre, ne porte pas ses fruits ?



Cette charité est pour nous le grand intérêt de ces Entretiens ; mais elle n’est pas le seul ; et, ce qui nous paraît presque au même degré faire l’importance de ce livre, c’est qu’il est, plus encore que l’ouvrage de Marc Aurèle, le dernier mot de cette noble doctrine, éclairée par les objections de trois siècles, et réduite par elles à ses éléments constitutifs, à ceux avec lesquels elle a traversé les âges pour arriver jusqu’à nous, et y vivre encore. Aujourd’hui il n’y a plus de Platoniciens ni d’Aristotéliciens, mais il y a encore des Stoïciens, et ils sont tels précisément parce qui fait le fond des Entretiens. En haut une Providence, dont le monde est sorti, quelles que soient les ténèbres qui pèsent sur l’impénétrable comment ; en bas la liberté, et des devoirs de pureté, de justice, de dévouement, avec le bonheur par eux, sans espérance comme sans crainte d’une autre vie ; voilà en résumé,