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tracer les caractères qui entrent dans le mot Dion, et que survînt un autre qui lui donnât à écrire, non pas Dion, mais Théon, qu’arriverait-il de notre homme ? Qu’écrirait-il ? Tandis que, si tu as appris à écrire, tu peux être prêt pour tous les noms qu’on te demandera. Mais, si tu n’as pas appris, quel conseil puis-je te donner ? Car si les circonstances te demandent un autre mot, que diras-tu ? Que feras-tu ? Aie la science générale, et tu n’auras pas besoin de conseils. Si tu tombes en extase devant les choses du dehors, il te faudra forcément rouler dans tous les sens, au gré des caprices de ton maître. Et qu’est-ce qui est ton maître ? Quiconque tient sous sa main ce que tu désires ou ce que tu crains.


CHAPITRE III




Sur ceux qui recommandent quelqu’un aux philosophes.

Diogène eut raison de dire à quelqu’un qui lui demandait des lettres de recommandation : Rien qu’en te voyant, il saura que tu es un homme. En es-tu un bon ? En es-tu un méchant ? Il le saura, s’il a le talent de distinguer les bons et les méchants. S’il n’a pas ce talent, il ne le saura pas, alors même que je le lui écrirais mille fois. Tu ressembles à une drachme qui demanderait qu’on la