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ce que vous devez méditer, ce que vous devez toujours avoir présent à la pensée : Quelles sont les choses vis-à-vis desquelles sied l’assurance, et celles vis-à-vis desquelles siéent les précautions ? L’assurance sied dans les choses qui ne dépendent pas de notre libre arbitre ; les précautions dans les choses qui dépendent de notre libre arbitre. — Mais ne t’ai-je donc rien lu ? Ne sais-tu pas ce dont je suis capable ? — En fait de quoi ? En fait de belles paroles ! Garde tes belles paroles pour toi, et montre-moi où tu en es en fait de désirs et d’aversions ; montre-moi que tu ne manques jamais ce que tu veux avoir, que tu ne tombes jamais dans les choses que tu veux éviter. Quant à tes belles périodes, si tu as du bon sens, tu les prendras et tu les effaceras. — Mais quoi ! Socrate n’a-t-il pas écrit ? — Qui a écrit autant que lui ? Mais comment le faisait-il ? Comme il ne pouvait pas toujours avoir là quelqu’un pour lui réfuter ses opinions et pour lui donner les siennes à réfuter à leur tour, il s’examinait et se réfutait lui-même, et constamment il s’exerçait à appliquer dans la vie quelqu’un de ses principes. Voilà comment écrit un philosophe. Mais quant aux belles paroles et à la méthode dont je parle, il les laisse à d’autres, soit aux imbéciles, soit aux bienheureux qui ont du temps à perdre parce qu’ils sont enfin exempts de toute agitation, soit à ceux qui par légèreté d’esprit ne calculent pas les conséquences de ce qu’ils font.

Et maintenant, quand l’occasion t’y invitera, viendras-tu encore nous montrer toutes ces belles choses ? Viendras-tu nous les lire, et nous dire en