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plier. Tous les principes de la charité moderne, tous ses préceptes généraux, jusqu’au commandement d’aimer ses ennemis, se trouvent dans les Entretiens d’Épictète. Et, quand tant de questions importantes se rattachent à l’origine des idées de charité, peut-être n’est-il pas sans intérêt de voir avec quelle largeur la philosophie ancienne les avait déjà conçues.

D’où les avait-elle tirées ? Là est la grande question. Bien des gens pensent qu’elles n’ont apparu chez elle qu’après la naissance du Christianisme, et que c’est à lui par conséquent qu’elle les a empruntées par une voie ou par une autre. Nous n’avons pas à entrer dans la discussion générale ; nous n’avons à nous occuper que de ce qui concerne Épictète en particulier. Ayant vécu sous Néron et sous Trajan, il a dû se trouver en contact avec les Chrétiens ; et rien n’est plus naturel que de se demander s’il ne leur a pas emprunté la partie de ses doctrines qui se rapproche si sensiblement des leurs.

En fait, il les a connus ; et il en a même parlé de telle sorte, que l’on s’est fondé sur ses paroles mêmes pour faire de lui au moins un Juif.

Voici le passage sur lequel on s’appuie :

« Pourquoi te prétendre Stoïcien ? » dit-il à un individu qui ne pratiquait pas. « Pourquoi tromper la foule ? Pourquoi joues-tu le Juif, lorsque tu es Grec ? Ne sais-tu pas pourquoi l’on dit qu’un tel est Juif, Syrien, ou Égyptien ? D’ordinaire, quand on voit quelqu’un